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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLa mère Qui es-tu, mère de famille, toi qui peut-être te plains de ton sort? Ton rôle est le plus beau, le plus riche qui soit au monde, car tu as à faire à une substance éminemment vivante: le corps et l'âme tout en promesses d'un être humain, de celui qui façonnera l'avenir. Quand tu es jeune encore et que tes enfants sont petits, c'est à toi qu'est dévolu la place de choix de celle qui guide et qui conduit. Tu marche devant tes enfants pour écarter les ronces du chemin et enlever les grosses pierres, car leur chair est trop tendre encore pour les affronter. Tu leur ouvres aussi les yeux sur le monde mystérieux de la création, du renouveau printanier, de la chanson des couleurs et des sons. Tu es celle qui enchante ! Mais tu es aussi celle qui console des déboires, des déconvenues, des découvertes qui font peur ou qui blessent. Tu es enfin celle qui écarte la première le voile qui cache la face du Père céleste. Marie, la mère du Christ, a dû souvent prendre sur ses genoux son petit garçon pour lui parler du Père. Te représentes-tu ces entretiens? elle, parlant doucement de ce Dieu d'Israël qui un jour l'avait personnellement visitée, lui, l'interrogeant de ses yeux aux profondeurs insondables en écoutant la résonnance mystérieuse qui vibrait au-dedans de lui. Tu peux faire cela en «petit» avec tes enfants; ils sont tous très près de Dieu quand ils ont cinq ans ! Maintenant tes enfants ont grandi. Tu ne marches plus devant eux, mais à côté. Il faut que tu deviennes leur alliée, plutôt par intuition que grâce à leurs confidences, car à cet âge-là on s'ignore ou bien on n'aime pas parler de ce qui vous tourmente. Tu seras l'alliée des bons et des mauvais jours. Sans jamais t'étonner, ni t'irriter, tu supporteras leurs brusques écarts, leur front ombrageux, leurs impertinences mêmes. Un garçon de quinze ans, devenu tout d'un coup très désagréable et impoli, disait à sa mère: «Je te fais tout le temps de la peine, et pourtant je t'aime tellement!» Et la mère comprit que la personnalité de son fils s'affirmait ainsi, d'une façon désordonnée, comme il lui poussait du poil au menton. Et elle lui pardonna vingt fois d'avance dans son coeur. Quand on marche à côté de quelqu'un, on est bien placé pour voir les choses comme lui et comprendre ou même deviner ses réactions sans qu'il les formule. Les adolescents ont tellement besoin d'être compris, supportés, aidés, encouragés, sans phrases, mais en action et avec un élan et une persévérance qui ne doutent ni d'eux, ni de la vie. Tu seras ce compagnon vigilant et fidèle qui témognera discrètement qu'il a passé aussi par ces heures troubles où palpite on ne sait quel oiseau sauvage et ténébreux dont l'aile étend son ombre sur le coeur qui s'émeut. - Tu diras que tu connais ça et qu'il ne faut pas craindre ces forces de vie mais les tenir en main et les discipliner. Tout est là. Et tes enfants l'un après l'autre seront rassurés et apaisés. Et maintenant ils sont des adultes, et toi, tu es un peu lasse et ridée. Tu marches maintenant derrière eux; c'est là ta place, ta bonne place, d'où tu peux secourir encore, si tu vois des pieds qui chancellent, et accueillir ceux que leur juvénile ardeur a égarés ou fatigués. Il faudra que ton coeur s'agrandisse encore pour faire de la place aux nouveaux venus que le mariage fera entrer dans ta famille. Mais tu seras tour à tour aidant ou aidée, car tes forces déclinantes auront souvent besoin des forces jeunes pour soutenir leur effort. Puis, peu à peu tu passeras la consigne, en douceur, sans larmes ni reproches, quoiqu'il coûte de vieillir et que c'est une grande dernière leçon qu'il faut apprendre laborieusement. Mais jamais tu ne devras te permettre de t'asseoir définitivement dans un fauteuil, et encore moins sur une borne au bord du chemin en disant: «C'est fini, je m'arrête, je vous laisse marcher sans moi». Non, jamais tu ne seras dispensée de marcher, d'avancer avec les tiens, tant que Dieu te laissera en vie. Quelle que soit ta place: devant, à côté ou à l'arrière, peu importe, crois-moi, pourvu que tu ailles de l'avant avec eux. C'est le point capital, essentiel, dont il faut que tu te souviennes. Cela doit se manifester dans toute ta manière d'être, se lire dans ton regard, sur ton visage et dans ton attitude. Tes yeux et ton coeur doivent demeurer grands ouverts, prêts à accueillir l'avenir qui s'élabore à travers tes enfants et les enfants de tes enfants. Et ta joie sera d'y glisser le meilleur de tes expériences et la tendresse de ton coeur dont ils ne seront jamais rassasiés. Ainsi s'accomplira ton voyage, ton beau voyage de femme et de mère à qui Dieu a confié l'insigne honneur de continuer sa création. |
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