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Discrétion et politesse
Discrétion et politesse, deux belles dames du temps passé, vêtues de robes longues, de délicieux bonnets et de mitaines? Ah, non; si les formes extérieures de la courtoisie ont évolué comme la mode, son sens intérieur, le respect de la personne humaine, est de tous les temps. A notre époque, les rapports entre les générations et les individus ont tellement changé et la vie est si agitée qu'on n'accorde peut-être plus assez d'attention à cultiver chez nos enfants ces qualités pourtant précieuses.
Un enfants indiscret où malpoli se fait du tort partout où il va. Il est très désagréable de faire des remarques désobligeantes aux enfants des parents ou des amis et l'on appréhende de les recevoir. Un «Bonjour Madame, ça va?» peut n'être impoli que dans la forme, mais il est préférable de l'éviter!
Le jeune homme qui promène une radio portative dans une sacoche de bicyclette et en incommode les passants est indésirable. Il ne se rend sans doute pas compte que ce qui fait son plaisir, ne fait pas forcément celui d'autrui.
La jeune fille qui se précipite sur le courrier commet une indiscrétion en lisant la première un périodique adressé à ses parents qui n'en auront pas la primeur.
Sans en rien dire, d'autres empruntent les ciseaux de leur soeur, ou les outils de leur père et après s'en être servis, oublient de les remettre en place, et provoquent des recherches désagréables et parfois la perte d'objets personnels auxquels on attachait du prix.
Les enfants eux-mêmes sont sensibles au manque de bonnes manières; récemment après un goûter de Pâques, un petit garçon disait d'un camarade: «Celui-là quel goujat, il attrape tout!».
Et quelquefois, c'est le ridicule qui entre en jeu. Un collégien qui téléphone à son maître s'annonce: «c'est Monsieur Dupont». Le maître qui désire lui infliger une légère leçon lui répond: «Ah très bien, est-ce le père de mon élève ?»
C'est en parlant beaucoup, souvent trop, de sa famille, de ses voisins qu'on risque d'être indiscret, parfois sans se douter des résultats de la plus innocente conversation.
Une jeune maman avait appris à ses deux enfants à faire leur lit et le petit garçon y était aussi habile que sa soeur. Elle le raconta un jour à une amie dont la fille était dans la même classe que son garçon. Celle-ci se moqua de son camarade à l'école. Profondément humilié, l'enfant refusa dès lors de faire son lit.
Un autre danger est la passion d'être le premier informé de ce qui advient à vos proches et le premier à le redire aux autres. Il arrive facilement qu'on serve d'intermédiaire indésirable; ou le silence aurait mieux valu, ou l'on blesse celui qui aurait eu tant de joie à raconter lui-même un fait qui le touche de près.
Il est difficile d'agir, de parler, de se taire, sans heurter ceux que nous aimons. Trop de discrétion peut faire croire à de la froideur ou de l'indifférence, une politesse maladroite, obséquieuse ou arrogante, n'arrange rien.
Le respect de la personnalité devrait être la base sur laquelle se placer autant vis-à-vis des enfants que des adultes.
«Mais si l'enfant a besoin de s'exprimer, il désire aussi avoir son jardin secret: matériellement, un coin où se cacher, une boîte à trésors inviolable; moralement aussi; une partie de ce qui croît dans l'âme, même du meilleur, besoin d'isolement et de silence; et, parfois, le «mauvais» s'étiole ou s'élimine en restant ignoré. Avoir des enfants physiquement et moralement transparents et vivant entre des parois de verre, c'est peut-être le désir inconscient de beaucoup de parents, dont la tâche serait - croient-ils - facilitée; mais qu'un enfant, par dressage ou tendance spontanée, se sente tenu à une sincérité absolue, en face de parents se servant de cette sincérité pour des investigations sans limites dans sa pensée ou ses sentiments - on voit tout l'inacceptable de la situation (1)».
En se mettant à la place de son enfant, en le reprenant avec tact, en cherchant sans se lasser le chemin de son coeur sans forcer les portes, on l'encouragera peut-être à prendre lui-même une attitude de courtoisie vis-à-vis de ses semblables.
(1) Extrait de «Pourquoi les enfants qui aiment le vrai mentent-ils ?», par Ch. Zuber Monod, Réforme, avril 1950.
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