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Parents et enfants *

C'est le titre sous lequel l'auteur publie une série de lettres que des parents, ayant des problèmes à résoudre, lui ont adressées et les réponses qu'elle leur a données. Ces cas sont réunis sous un certain nombre de têtes de chapitre: rapports entre parents et enfants, manque de «maîtrise de soi», timidité, phobies et anxiétés, etc.

Certes la plupart de ces problèmes sont passagers et normaux, quoique pénibles et inquiétants pour les parents. Et c'est souvent une aide efficace pour eux d'apprendre que de tels cas sont fréquents et typiques dans le développement de l'enfant. Souvent, la simple diminution de l'anxiété chez eux, lorsqu'ils sont informés que les premières années de l'enfance donnent forcément lieu à de tels orages, à de telles crises, aidera beaucoup à aplanir leurs difficultés, et par la suite celles des enfants.

Voici quelques vues générales de l'auteur sur le problème de l'obéissance:

... Il n'y a aucun doute que l'on doit forcer l'enfant à obéir pour certaines choses, et pour certains buts. Exiger l'obéissance, quand elle est nécessaire et de la manière qu'il faut, fait partie de la responsabilité biologique des parents. Elle n'a besoin d'aucune justification. Et elle a ses racines encrées profondément dans la nature même de l'enfant. L'obéissance lui vient tout naturellement, si nous savons la demander comme il faut. Mais elle n'est pas une fin en elle-même. Elle est un moyen d'éducation et non un but final. En vérité le problème est de savoir ce que nous exigerons des enfants, ce que nous leur interdirons et comment nous leur commanderons ou interdirons quelque chose.

Les difficultés de la plupart des gens viennent de ce qu'ils ne se sont pas fait d'abord des idées claires sur toutes ces questions. Si nos idées sont confuses sur les choses pour lesquelles nous voulons l'obéissance, quand et comment nous la voulons, nous risquons de l'exiger quand ce n'est pas la peine ou de la demander d'une manière telle, qu'en fait, nous obtenions la contradiction ou l'obstination, ou bien nos propres incertitudes sont senties par l'enfant, et il ne sait jamais exactement si nous tenons réellement à ce que nous disons ou non. Alors nous sommes exposés à entrer dans un cercle vicieux: la mère ou la nurse gronde et s'irrite, l'enfant provoque et «répond» pour utiliser les mots mêmes d'une de nos correspondantes. Une fois que ces habitudes réciproques sont prises il est très difficile de les briser. Mais quelquefois ce serait plus facile, si d'une manière déterminée, nous faisions un effort pour nous rendre compte clairement de tout cela, comment, pourquoi et quand nous donnons ces ordres auxquels les enfants ont pris l'habitude de désobéir.

Les accès de colère et l'entêtement préoccupent certainement de nombreux parents. Voici un cas, pris parmi beaucoup d'autres tout aussi suggestifs:

Je** ne sais plus du tout quoi faire avec le petit garçon dont je m'occupe et qui est âgé de 3 ans. Il a de violentes colères et est très entêté; il n'y a pas moyen de lui faire faire ce qu'il ne veut pas faire. Je tâche de l'amadouer, de changer de sujet, je cherche toutes les façons de l'y amener mais sans aucun résultat. Il reste à table en répétant sans arrêt «J'ai faim, mais je ne veux pas manger» jusqu'à ce que «j'en aie mal au coeur» de l'entendre. J'ai essayé de «l'ignorer» mais alors il hurle «Nurse, je veux que vous vous occupiez de moi» jusqu'à que je sois forcée de céder. J'ai fait appel à sa raison, je l'ai traité comme un grand garçon, je l'ai laissé agir tout seul, pensant arriver à quelque chose, mais en aucun cas je ne suis arrivée à briser sa terrible obstination. Chaque jour, pour tout, il oppose la contradiction et je trouve que c'est très pénible. Je dois ajouter qu'il a un frère de 4 ans très gentil et très sage. Timoty souvent le mord, lui donne des coups de pieds, le pousse, absolument sans raison. Honnêtement, je n'ai jamais perdu patience, mais je sens que je ne puis continuer toujours ainsi, d'autant plus que nous attendons un troisième bébé en octobre et j'aurai besoin de toute mon énergie pour m'occuper toute seule des trois.

Et voici la réponse donnée:

L'enfant dont vous vous occupez est réellement anormalement entêté. Comme vous le savez probablement, une certaine dose d'obstination est tout à fait ordinaire, habituelle à cet âge, mais ce garçon a décidé avec une autorité surprenante d'exercer sur vous son esprit de domination. Il doit y avoir une raison quelconque pour une attitude obstinée aussi marquée. D'après votre lettre il m'est impossible de dire qu'elle est cette raison, mais il y a toujours une cause générale dans ces circonstances-là. Une chose semble très probable, à savoir qu'il a un fort sentiment de rivalité contre son frère qui est plus âgé que lui mais de si peu et qui a un si heureux tempérament. Cette rivalité a dû exister dès le plus jeune âge et ce doit être en partie parce que l'aîné réussit à être sage, que le plus jeune sent qu'il ne peut affirmer sa personnalité qu'en étant difficile et entêté ! Vous dites que vous le laissez agir seul, mais je me demande si vous allez assez loin dans cette voie, et si vous lui laissez assez d'indépendance, assez de liberté de choix ? C'est très important avec de tels enfants pour éviter les circonstances qui donnent naissance à l'obstination, il ne faut jamais demander à l'enfant quelque chose qui n'est pas assez important pour qu'on insiste, même s'il tient tête. Quant on peut laisser l'enfant agir à sa guise, laissez-le et n'ayez pas seulement l'air de lui donner cette liberté, mais donnez-la lui réellement sans vous soucier de ce qu'il choisit. Mais quand une chose est réellement nécessaire, alors j'insisterais et ne cèderais pas, malgré les cris et les orages. Par exemple, quand il dit «J'ai faim, mais je ne veux pas manger» je le laisserais avoir faim. C'est un problème tout différent de celui d'un enfant qui n'a pas faim, je le laisserais absolument libre de manger ou de ne pas manger et j'emporterais la nourriture s'il ne la prenait pas. Il n'y a rien à craindre, il ne se laissera pas mourir de faim. J'aurais l'air de croire, au repas suivant, qu'il veut manger comme d'habitude, je ne lui ferais aucune remontrance, aucun reproche pour ne pas avoir mangé, mais je serais très naturelle et très gaie à ce sujet.

Je crois qu'il demande que vous fassiez attention à lui car il sent que vous «l'ignorez» pour le punir. Il y a tellement de manières différentes «d'ignorer» une autre personne. Cela peut être fait d'une manière qui implique le plus grand mépris, la plus grande colère. Je crois qu'il ne faut jamais «ignorer l'enfant», mais simplement ne pas donner une importance particulière à cette manière spéciale de se conduire, ce qui est tout différent. Je lui laisserais sentir que je suis toujours aussi bienveillante à son égard et toute prête à parler de ce qui peut l'intéresser. S'il a l'impression que vous l' «ignorez» d'une manière hostile, il deviendra certainement encore plus coléreux, encore plus entêté. J'ai le sentiment que vous pourriez faire appel plus que vous ne le faites, à son bon sens et à sa raison, non pas en essayant de le persuader de faire ce que vous croyez bien (sauf quand c'est absolument nécessaire) mais plutôt en le laissant choisir ce qui est raisonnable, puis en le laissant le mettre à exécution tout seul. Si vous pouvez souvent lui donner l'occasion d'initiative et lui montrer, les autres fois, que vous n'avez pas envers lui une simple patience négative, mais une réelle bienveillance, alors je crois que vous vous apercevrez que cet entêtement ira peu à peu en diminuant. En tout cas cela diminuera sûrement dans le courant de l'année prochaine. Mais vous pouvez hâter cette diminution de la manière décrite.


* Parents et enfants, leurs difficultés quotidiennes, par Susan Isaacs. Trad. par Mme Fortier. Edit. Presses universitaires de France. Ce livre est à la disposition de nos abonnés.

** Il s'agit d'une nurse s'occupant des enfants d'une famille anglaise.









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