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La mère des Wesley. (Suite)
Quelques-uns de ses enfants moururent de bonne heure, mais treize vécurent en même temps. Aussi le fardeau des mille petits soucis de la pauvreté vint-il s'ajouter à la tâche d'élever et d'instruire ces enfants ardents et distingués, ayant tous plus ou moins hérité d'une partie de la volonté et du caractère érnergique de leurs parents.
Quoi qu'il en soit, personne ne peut se représenter Madame Wesley se traînant péniblement dans la vie comme une femme accablée et surchargée. Elle remplissait gaiement toute sa tâche. A cinquante ans, après avoir si bien connu les épreuves de la pauvreté, elle écrivait à l'archevèque d'York qu'il était plus aisé à son avis d'être heureux sans richesses. C'est qu'il y avait dans le fond de son coeur une source secrète qui entretenait la fraîcheur et la paix dans son âme. Chaque matin et chaque soir elle passait une heure seule avec Dieu. Cette heure de prière le matin rendait pour tout le jour son joug aisé et son fardeau léger ; cette heure de prière le soir maintenait en repos son coeur et sa conscience.
La prière était vraiment sa force journalière et constante, et son refuge dans ses plus grandes épreuves. Un jour, leur maison prit feu ; Madame Wesley tenta trois fois de s'enfuir, trois fois elle fut repoussée par les flammes ; enfin, à la quatrième fois, elle éleva son coeur vers Dieu dans une fervente prière, et elle reçut, comme elle le dit plus tard, la force de « passer à travers le feu. » Son fils John, alors âgé de six ans, fut le dernier sauvé; des hommes montés sur les épaules les uns des autres le firent sortir par la fenêtre de la « nursery. » Quand tous les enfants furent réunis autour de leurs parents, le père s'écria : Venez, voisins, mettons-nous à genoux et remercions Dieu. Il m'a donné tous mes huit enfants; j'ai assez de richesses.
À la suite de cet événement, Madame Wesley crut que, son fils John avait été sauvé pour remplir de grands desseins, et elle se consacra à lui avec une attention et des soins tout particuliers. En effet, John Wesley, par un travail sans relâche de cinquante années, réussit à détourner du péché et du vice des milliers d'hommes et de femmes, à les ramener à Dieu et à la sainteté... .
Les filles de la maison devinrent en grandissant sages, vives d'esprit, fermes de conviction, douces de caractère. Les fils, bien que ne s'accordant pas dans leurs opinions, grandirent en s'aimant, en s'honorant et en s'aidant réciproquement; tous respectèrent leur mère et recherchèrent, jusqu'au dernier jour de sa vie, son approbation comme leur sanction et leur récompense.
Quand ils cessèrent d'être des enfants, qu'ils allèrent dans les Universités et, plus tard, quand ils devinrent des hommes de grand savoir et de haute influence, ils aimaient encore à venir chercher son avis sur les livres qu'ils lisaient, spécialement sur des livres religieux et à lui demander son aide dans leurs difficultés de pensée ou de vie.
Elle, de son côté, avait la sagesse, le courage, la largeur d'esprit et de coeur, de les laisser libres de se former à eux-mêmes leurs propres convictions ; toujours prête à les aider par ses lumières, elle ne les tourmentait jamais pour leur faire adopter les petites règles étroites, tirées de sa propre expérience, qui auraient pu ne pas convenir à leur esprit ; cependant, quand elle les croyait dans une mauvaise voie, elle n'hésitait pas à le leur dire sincèrement et elle leur restait chère dans ses reproches comme dans son approbation.
Son fils John la consulta une fois sur les scrupules que lui avait suggérés un homme pieux quant à la «légitimité des plaisirs. » Elle lui répondit en ces termes:
« Quand vous voudrez savoir si un plaisir est ou n'est pas légitime, prenez la règle suivante : S'il affaiblit votre raison, diminue votre délicatesse de conscience, obscurcit votre compréhension de Dieu ou vous enlève le goût des choses spirituelles; en un mot, s'il augmente l'empire de votre chair sur votre esprit, ce plaisir est péché pour vous, quelque innocent qu'il puisse être en lui-même. »
Madame, Wesley vécut, dans ses dernières années, avec son fils John. Le matin d'un dimanche d'août, il la trouva, écrit-il, sur les bords de l'éternité, mais elle n'avait ni doute ni crainte, elle était prête, au premier appel de Dieu, à partir pour être avec Christ. Elle était dans sa soixante-dix-huitième année. Vers trois heures de l'après midi, le vendredi suivant, son fils John vint près de son lit et sentit que le moment du départ approchait. Elle luttait pour la dernière fois, incapable de parier, mais gardant sa pleine connaissance. Son aspect était calme, et serein, ses yeux se fixaient vers le ciel, tandis que ses enfants recommandaient son âme à Dieu. Alors doucement, paisiblement, sans gémissement, sans agonie, son âme brisa ses chaînes et entra dans la liberté.
Ses enfants, groupés autour de son lit, exécutèrent sa dernière prière: «Enfants,» avait-elle dit quand elle avait encore la force de parler, « dès que je serai délivrée, chantez un psaume de louange à Dieu. »
Quelques jours plus tard, une foule innombrable se réunissait autour de sa tombe, et son fils John rendait son corps à la poudre. Il parla à la foule de ce trône blanc de l'Agneau, de ce grand trône du jugement devant lequel tous devaient comparaître. Bien souvent dans sa vie, il avait prêché à des milliers d'hommes, qui l'écoutaient tantôt dans le silence de la crainte, tantôt, avec des larmes de repentance et de joie ; mais il écrit en parlant de cette funèbre réunion autour de la tombe de sa mère : « Ce fut l'une des plus solennelles assemblées que j'aie jamais vues ou que je m'attende jamais à voir de ce côté de l'éternité. »
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