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Regards sur l'âme enfantine

Je me suis souvent penchée sur le sommeil de mes enfants, comme on se penche avec crainte et émerveillement au bord d'une mer mystérieusement inconnue, et chaque fois je me sentais infiniment émue devant l'immensité de leur confiance endormie.

«Est-ce que tu m'aimes tellement parce que tu m'as porté dans ton coeur ?» me demandait mon fils aîné à quatre ans.

Aimons-nous nos enfants parce qu'ils sont nés de nous ? Certes, mais après l'éblouissant miracle de la naissance, lorsque nous guettons, au long de la lente éclosion de leur âme, le premier regard conscient, absent encore des yeux voilés du nouveau-né, l'hésitation du premier sourire, la première parole, un respect grave et tendre s'ajoute à notre amour instinctif, pour cette pensée qui s'éveille et qui nous est confiée.

Je ne sais rien de plus émouvant qu'un regard d'enfant. Qu'il soit confiant et clair, rêveur ou brusquement révolté, il me bouleverse par tout ce qu'il révèle de sensibilité, par ce qu'il laisse entrevoir du petit univers, qui lentement s'édifie vers sa floraison, conscient déjà de sa dignité.

Je me souviens de l'irritation légitime de Pierre-André, à trois ans et demi, auquel je donnais, par amusement, des réponses extravagantes, et qui me déclara: «Le Bon Dieu t'a pas faite pour dire des bêtises, mais pour parler sérieusement à ton petit garçon».

François, à deux ans, n'accepte pas qu'on l'appelle «petit». «Moi suis grand», déclare-t-il avec conviction, puisqu'il peut réaliser tout seul ses aspirations, exprimer à sa façon sa pensée encore trébuchante, et qu'il limite ses désirs à la construction fabuleuse d'une tour haute de douze plots.

Cette nécessité de l'enfant de croire à sa valeur, à sa dignité, est si impérieuse que la plupart d'entre eux se créent un monde imaginaire et magique d'où l'adulte est exclu.

... Mon fils aîné, à sept ans, s'évade dans le «Pays des Esquimaux», où il déclare avoir vécu, avant sa naissance, avec son ours Beaudodu, et où il se rend chaque nuit, sur Brita, cheval magique qui, d'un coup de sabot, devient invisible et s'élance dans le ciel, plus rapide qu'un vampire. Dans ce pays miraculeux, il n'y a pas de petits enfants, tous les hommes sont des inventeurs, doués de la plus haute intélligence, et lui, Pierre-André, est leur grand ami, auquel on demande son conseil.

Mais le contact avec la réalité ne perd pas ses droits: «Moi je suis content d'être un garçon, parce que dans la vie, c'est le Bon Dieu et les papas qui commandent!»

Il y a chez l'enfant une philosophie, une acceptation d'un état de fait qui souvent forcent mon admiration.

«Bon Dieu, disait mon fils à quatre ans, dans sa prière, donne-moi une petite soeur, mais si tu n'en as plus de petite, donne-m'en une grande, ça ne fait rien !»

D'autre part, souvent, une détresse sans borne l'envahit, ainsi, un jour qu'il avait fait une sottise et que nous l'avions grondé, réalisant soudain que et papa et maman étaient mécontents, il s'est écrié avec désespoir: «Mais alors qui me consolera si vous êtes tous les deux fâchés ?»

A de tels instants, on réalise de façon aiguë combien l'enfant est à la fois dépendant de nous et déjà seul à lutter. On craint alors de désorienter son mécanisme intérieur ou d'y pénétrer avec la brutalité de notre sensibilité émoussée d'adulte. Il faudrait allier à la tendresse une fermeté aussi solide qu'une loi de la nature pour accomplir, sans trop d'erreurs, notre métier de mère. Cela demande un long travail sur nous-mêmes, un amour total, et la recherche des souvenirs perdus de notre enfance pour retrouver, à travers le prisme de la mémoire, la vision du monde de l'enfance.









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