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A propos du langage de nos enfants

Les éditions Bourrelier, Paris, ont publié récemment deux livres fort intéressants. «Corbeille de mots, méthode active de vocabulaire et langage», destiné aux élèves de lycées et collèges, et «Vocabulaire et élocution, de l'image à l'expression des idées», pour enfants de 5 à 8 ans.

Tout en parcourant ce dernier volume, je reste songeuse. Je pense au travail fait par un groupe d'instituteurs soucieux de donner aux élèves un vocabulaire riche, de leur apprendre des mots justes pour exprimer avec aisance et élégance leur pensée. Je ne doute pas qu'à cette peine déployée corresponde un résultat tangible, mais je songe aussi aux nombreux mots qui s'apprennent sans livre, sans effort. A ceux qui, une fois entendus par nos enfants, ne sont plus oubliés. Sans eux, il semble que l'expression manque de virilité, de vigueur et de couleur !

C'est du langage appris au contact des camarades dont je veux parler. Nous avons toutes pu observer combien le vocabulaire de nos enfants s'enrichit singulièrement dès leur entrée dans la vie sociale de l'école.

Il y a d'abord les expressions à la mode, qui sont souvent le résultat de mots déformés, comme «fantoche», «bonnard». Je mets un «d» au bout de ce mot car, mon fils m'a dit: «André (son camarade) te trouve «bonarde». Après explication, j'ai su que c'était un compliment!

Il y a aussi des adjectifs d'usage courant qui prennent des valeurs nouvelles et un sens plus étendu. C'est le cas de «fou», «formidable», «épatant», et bien d'autres encore. Si le menu de mon repas satisfait la gourmandise de mon fils aîné, il s'écrie: «ô, terrible !» ce qui résume son plaisir et son impatience. Et si sa petite camarade est «terrible», cela ne veut pas dire qu'elle griffe et mord. Elle est au contraire forte en arithmétique (ce qui force son admiration), habile à la leçon de gymnastique, rapide à la course, enfin une chic camarade.

Il y a encore les nombreux mots d'argot dont je crois inutile de rappeler ici même les plus usuels.

Les enfants nous rapportent enfin, - à supposer qu'ils n'en entendent pas à la maison - les mots qui sont qualifiés de «gros». Ces gros mots sont certes pénibles à entendre, mais le plus souvent ils sont dits sans méchanceté. Ce qui est plus grave, c'est quand ils sont doublés d'impertinence *, quand ils jaillisent avec une intention évidente de blesser, de peiner ou par simple décharge égoïste sans préoccupation de l'effet produit.

Que pouvons-nous contre ces incorrections de langage ? Tout petit déja, si l'enfant emploie un mot qu'on lui dit de ne plus répéter «parce qu'il est vilain», comme il ne saisit pas ce qu'il y a de vilain, mais comprend qu'il y a une interdiction et une chose inexpliquée, cela suffit pour lui donner l'envie de prononcer le mot défendu.

Pour dégoûter l'enfant d'un vilain mot, un moyen consiste à l'obliger à le répéter un grand nombre de fois. Il se lasse assez vite de cet exercice commandé. Mais le résultat sera-t-il durable ? Un autre moyen est d'accorder le moins d'attention possible aux vilains mots prononcés, sans les ignorer cependant. Une remarque peut être faite en passant, mais adroitement de façon à ne pas fixer l'enfant sur ses prouesses linguistiques.

Après l'entrée à l'école, l'enfant discerne très bien ce qui est correct de ce qui ne l'est pas. Il m'est arrivé de dire à mes fils: «Tels mots que vous employez sont nettement grossiers. Employez-les avec vos camarades si vous ne pouvez pas vous en empêcher, mais je ne veux pas les entendre ici, à la maison, même pas entre vous.» C'est une attitude à prendre très vite. Le résultat favorabIe sera facilité si nous arrivons à créer dans notre foyer une atmosphère d'amabilité, de prévenance et de respect réciproque; les enfants finissent aussi par adapter leur langage à leur entourage.

La question suivante: «Comment faire perdre aux enfants l'habitude de jurer?» a été posée par une revue familiale **.

Des quelques 500 réponses reçues, 4 remarques principales ont pu être faites:

1. L'enfant imite ses parents, c'est donc à ces derniers à lutter contre l'habitude qui les fait jurer;

2. L'enfant nerveux obéit moins aisément que l'enfant robuste; or, la nervosité fait souvent exploser la rage enfantine qui se traduit par de gros mots;

3. Il faut veiller à la bonne balance corporelle et mentale des enfants mais aussi à celle des parents;

4. Les sentiments, la foi, l'idéal religieux sont nécessaires dans la vie de famille, rendant plus valables, plus heureusement inspirés les conseils, les réprimandes, ce qui fait en définitive que les enfants, dans une ambiance sereine, imprégnée d'une religion bien comprise et pratiquée, ne jureront pas.

Le résultat de cette petite enquête a montré aussi combien est répandu le désir de faire perdre aux enfants l'habitude de jurer.

C'est réconfortant à double point de vue: nous nous apercevons que nous ne sommes pas seules à avoir ce problème à résoudre et à diriger nos efforts dans un sens que nous croyons «bon».


* (L'impertinence fera à elle seule l'objet d'un prochain article).

** Bio, revue familiale.









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