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Camps d'enfants en Autriche

Voici bien longtemps que la guerre est terminée et des centaines de mille personnes vivent encore dans les camps, c'est-à-dire n'ont pas leur propre logement, pas d'avenir et souvent pas de possibilité de travail; et - ce qui est pire - pas de vie de famille ! Comment éduquer et instruire des enfants dans ces circonstances ?

Depuis plusieurs années, les Unions Chrétiennes de jeunes Gens (Comité Universel) et les Unions Chrétiennes de jeunes Filles (Alliance Universelle) poursuivent ensemble un travail parmi les réfugiés et les personnes déplacées en Autriche.

L'organisation de camps de vacances d'été pour les enfants est une partie importante de ce travail. Nous empruntons les notes suivantes au récit fait sur ce sujet par Miss Nan Thompson, directrice des services U.C.J.G.-U.C.J.F. en Autriche.


Eté 1951.

Le camp de la zone française eut lieu à Hergeben, près du col du Brenner. Après un long trajet en jeep le long de la route du Brenner, à travers rocs, neige et avalanches, tout d'un coup nous vîmes la maison. Elle semblait dormir, fenêtres fermées, portes closes... mais dans les champs il y avait déjà une promesse de printemps, car les perce-neige pointaient partout.

Une visite, puis une seconde et une troisième. Non, décidément, pas moyen d'avoir un camp là .. Et pourtant... l'endroit était si frais, si beau, si vierge et neuf! Finalement nous décidâmes d'essayer et ce fut un succès !

Nous eûmes trois groupes de campeurs: deux de garçons et un de filles. Bien que quelques-uns soient arrivés sans linge de toilette ou d'autres articles nécessaires, les parents avaient en général essayé de leur donner des vêtements appropriés, propres et entiers à leur arrivée, car dans ce camp, les garçons menèrent un combat incessant (et combien excitant !) contre les vaches qui manifestaient un goût exagéré pour les chemises ou autres vêtements ! Il fallut organiser tout un système de surveillance...

Les appétits furent énormes ! et les cuisiniers avaient peine à fournir la nourriture au rythme auquel les garçons l'engloutissaient !

Au long des jours de soleil et de pluie, les enfants brunirent et se fortifièrent. Ils couraient dans la montagne comme des chèvres. C'était si bon d'avoir des rochers et des arbres sur lesquels grimper, des cavernes à découvrir, des névés pour jouer dans la neige, des cascades et des ruisseaux et des fleurs qu'il n'y avait qu'à cueillir ! Il y avait des pierres à trouver qui pouvaient être rares, des histoires que les «Oncles» (les chefs du camp) vous racontaient au sommet de la colline à l'heure du repos, bref il y avait tant à faire que «c'était vraiment mal fait» que de perdre son temps à dormir !

Bien sûr, il se posa des problèmes ! Mais un résultat fondamental fut atteint: désormais les enfants réfugiés forment une partie intégrante de la communauté, ils portent le même pantalon tyrolien, et ont le même accent que les autres. Entre eux les querelles incessantes et amères sur les questions de nationalité ont disparu; de tout cela nous sommes reconnaissants.

Près de Ried (Haute-Autriche), un camp fut organisé dans un bâtiment d'école. Très différent de celui de la zone française. L'endroit était plus paisible, moins montagneux; la maison, avec ses dortoirs et sa chapelle, appelait une vie plus ordonnée. La journée commençait par le lever du drapeau et le culte, puis venaient les corvées, les jeux, la natation, les courses et les pique-niques.

Nous reçûmes là environ 250 enfants (un groupe de garçons, un groupe de filles). Leur état de santé est en général inférieur à celui des enfants du Tyrol; il est évident qu'il sont sous-alimentés.

Dans la zone anglaise, nous eûmes un camp mixte. La maison, très spacieuse, se prêtait à cet arrangement. Le pays était beau: de grands champs et des forêts et la vue de belles montagnes.

Convaincus que la beauté est quelque chose d'essentiel pour chaque enfant, et que c'est notre responsabilité que d'éveiller en eux le sens de l'admiration, nous fûmes reconnaissants de passer avec eux quelques semaines dans une si belle contrée.

Quelques-uns de nos enfants avaient fait d'étranges expériences ! Barbara avait été dans un camp d'enfants en Yougoslavie où l'éducation tendait toute à éloigner les enfants de Dieu et à accroître leur confiance dans les chefs du pays; et ceci par des méthodes simples et directes; par exemple: les enfants étaient amenés dans une salle à manger vide et on leur demandait: «Croyez-vous en Dieu ?» S'ils répondaient «oui», on leur disait de demander à Dieu leur nourriture... et rien ne venait ! Mais s'ils faisaient la même prière au nom de leur Président, la nourriture arrivait instantanément. Barbara passa tout l'été avec nous, et à la fin elle avait appris à jouer avec les autres enfants.

Käthe vient d'une pauvre famille autrichienne; elle a trois frère et soeurs. Le père est cloué au lit par la maladie et Käthe nous arriva en piteux état.

Fritz, enfant de parents divorcés, vivait avec sa mère en camp. Elle ne montrait aucun intérêt pour son enfant qui était faible et sous-alimenté quand il nous est arrivé. Malgré tout, Fritz aime sa mère et a dépensé tout son argent pour lui écrire des cartes et la supplier de lui répondre. A la fin, une lettre arrive. «Pourquoi m'assommes-tu avec tes cartes ? Je suis bien contente que tu sois loin. Ne m'embête pas». Il y eut un petit coeur brisé à consoler et ce ne fut pas sans angoisse que nous vîmes l'enfant repartir.

Et ces enfants ne sont que quelques-uns parmi tous ceux qui demandent de longs soins et tant de compréhension... il y a l'enfant qui devint muette lorsque ses parents furent tués par une bombe et qui pleurait lorsque les gens étaient gentils avec elle... l'enfant dont une jambe est beaucoup plus courte que l'autre... l'enfant très retardé mentalement... et tant d'autres! Mais ce qu'il y a d'intéressant, c'est que, d'une manière touchante, dans les camps, tous les autres enfants se sont sentis responsables et ont fait tout ce qu'ils ont pu pour aider leurs camarades.









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