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Pardonner
Dans l'éducation de trois enfants, j'ai fait une expérience concernant le pardon.
Mon idée conductrice avait été la suivante: quand on a eu tort envers quelqu'un, il faut le reconnaître, premièrement vis-à-vis de soi-même. Une fois l'énervement ou la colère atténué, chacun récupère son sang-froid, alors il faut trouver ses torts. Dans l'emportement, on voit très bien ceux de l'autre. De sang-froid, on doit voir les siens. Il y a en tout cas celui de s'être mis en colère, d'avoir dit quelque chose de désagréable ou même d'avoir passé aux coups. Il arrive que cet examen suffise et qu'on se dise à soi-même: «J'ai eu tort de faire cela, je ferai mieux.»
Secondement, si nous constatons que notre acte a causé à un tiers du chagrin, il s'impose de lui dire notre regret. Sinon, il n'y a pas de reprise de relations possible. S'il n'est pas sincère, il ne vaut rien.
Mais aussitôt ce regret exprimé, l'autre personne doit pardonner sans sermon. Si ce petit examen de conscience prend une importance démesurée, on charge la conscience de l'enfant de culpabilité. Avec des enfants violents, la vie s'alourdirait d'une façon insupportable ou bien l'enfant refuserait de reconnaître ses torts.
Le petit enfant qui, dans un mouvement de rage crie à sa mère «Tu es méchante», doit, à mon idée, reconnaître qu'il a eu tort et si possible manifester un regret. Je l'ai obtenu facilement en général.
Dans sa conscience, l'enfant sait ce qui est juste. Il y a, en lui, un appel vers la droiture. Il possède une générosité de sentiments que l'on peut développer. Il aime aussi les situations nettes. Le pardon ne concerne pas seulement les parents, mais toutes les personnes en contact avec les enfants: maîtres d'école, employées de maison, camarades.
Quand un enfant me demande pardon pour un mensonge, une sottise, un bonbon sucé en cachette, je l'écoute tranquillement et j'essaie de lui donner un sentiment de grande confiance retrouvée. Je partage son souci et je parle un peu des causes qui ont provoqué l'incident. L'enfant exprime son regret d'une façon ou d'une autre, et, en connaissance de cause, je lui pardonne tendrement sans allonger. C'est un chapitre clos. Nous repartons gaiement vers quelque occupation qui changera les idées: un peu de musique, une promenade, une lecture ou simplement nous parlons d'un sujet cher au coeur de l'enfant.
Le pardon ainsi compris est un des chapitres de la politesse du coeur à laquelle on doit habituer l'enfant.
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