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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'enfant jaloux L'Ecole des Parents de Genève vient de terminer un cours, donné par Mme Dr R. Voluter, sur quelques troubles du comportement de l'enfant *. Dans une leçon sur "L'enfant jaloux", Mme Voluter examine successivement les causes de la jalousie chez l'enfant et les différentes façons dont celle-ci se manifeste (jalousie du tout petit enfant, disputes continuelles des plus grands, agressivité dirigée contre la mère responsable de l'arrivée du petit frère !). Elle envisage ensuite le cas de l'aîné jaloux du deuxième, celui du cadet jaloux de l'aîné lorsque celui-ci joue un rôle prépondérant dans le milieu familial, celui de l'enfant du milieu qui n'a ni les privilèges de l'aîné, ni ceux du cadet; celui de la fillette jalouse d'une soeur plus jolie, plus brillante; celui de l'enfant jaloux de l'un de ses parents, etc. Voici quelques extraits de ses conclusions: En résumé, que l'enfant soit garçon ou fille, qu'il soit l'aîné ou le plus jeune, s'il est jaloux, il réagira par de l'hostilité et de la haine contre son rival. Mais il en aura honte et se sentira coupable. Cette culpabilité pourra lui peser très lourd car il y a en lui un conflit entre les sentiments négatifs qu'il a, et positifs qu'il voudrait avoir et qu'il a d'ailleurs parfois. Ce conflit n'est pas formulé, il est latent; l'enfant ne s'en rend pas compte, mais il est malheureux. Un enfant de ce genre aura peut-être plus tard de la peine à réussir dans la vie comme s'il devait inconsciemment se punir lui-même pour les mauvais sentiments qu'il a eus dans son enfance pour une soeur ou un frère rivaux. Quel est le caractère de l'enfant jaloux ? Cela varie naturellement selon les individus. Certains emploieront tous les moyens pour regagner l'amour qu'ils croient avoir perdu. Ils essayeront d'attirer l'attention sur eux et seront éventuellement insupportables, se feront tout le temps gronder ou punir soit parce que les gronderies leur prouvent qu'on s'occupe d'eux, soit par un besoin inconscient de se faire punir pour leur hostilité vis-à-vis du rival; c'est ce besoin qui pousse certains enfants à faire mille sottises, à provoquer leur mère jusqu'au moment où celle-ci impatientée leur enverra une gifle. Cela les calmera sur le moment, mais pas pour les raisons que l'on croit. Leur culpabilité est momentanément calmée. Ces enfants jaloux ont un sentiment exagéré de la justice. Ils auront constamment à la bouche l'expression: «Ce n'est pas juste !» On surveillera l'assiette des autres pour être bien sûr qu'ils n'ont pas une plus grosse portion, on comptera les minutes que maman passe auprès d'eux le soir quand elle va les embrasser et si elle reste trois minutes de plus, ce sera une réclamation. Ce trait se retrouve chez certains adultes qui estiment ne pas avoir la situation qu'ils méritent. L'enfant jaloux peut aussi réagir par la timidité si on lui oppose un frère plus briIlant, il se sentira inférieur et deviendra timide. Il croit toujours que les autres font mieux que lui et se croit moins apprécié. D'autre part, la timidité est parfois un moyen pour que l'on fasse attention à lui; s'il devient tout à coup timide, peut-être que sa mère s'occupera de lui et essaiera de l'encourager. Comment faire pour éviter ces réactions de jalousie ? Il est difficile de généraliser et on ne peut pas toujours tout éviter. Mais ce qui importe, c'est l'attitude des parents. Un aîné se sentira moins délaissé si la maman l'associe aux soins du tout petit, s'il a l'impression de collaborer avec elle. On peut lui faire prendre ses responsabilités en lui faisant confiance. Il peut apprendre à partager l'amour de sa mère, si ce n'est pas fait trop brusquement; il faut qu'il ait l'impression qu'il a sa maman pour lui, qu'il puisse jouir d'une promenade avec elle tout seul, d'un moment le soir, lorsque le bébé est couché. Il acceptera d'être le plus grand, s'il y trouve des avantages, par exemple de pouvoir rester avec les parents le soir, de manger à table alors que l'autre mange avant, tout seul. Il sera fier de surveiller le bébé, éventuellement de le promener à condition que cela ne devienne pas une corvée, comme pour cette fillette de 14 ans qui devait promener sa jeune soeur de 4 ans tous les samedis et jeudis après-midi. Elle voyait ses camarades d'école partir en excursion et ne pouvait pas les suivre. Elle a raconté plus tard que toutes ses années de jeunesse ont été empoisonnées par ces corvées qui lui ont fait considérer sa petite soeur comme un être gênant. Il faut éviter de citer les enfants en exemple les uns aux autres et ne jamais appuyer sur une infirmité réelle. Il faut encourager l'enfant qui n'est pas sûr de lui et ne pas manifester une préférence pour l'un ou l'autre enfant; même si l'on fait très attention, les enfants sentent ces choses tout de suite. Si l'on remarque qu'un enfant est vraiment jaloux et considère l'autre comme un rival, on peut lui expliquer, lui dire qu'on comprend très bien son sentiment, que ce n'est pas agréable, quand on a été tout seul avec papa et maman, qu'il y en ait un autre avec qui l'on doive partager. On peut lui montrer que cette jalousie n'avance à rien du tout et que d'abord, les parents seront plus contents s'il accepte le cadet et que plus tard il sera heureux d'avoir des frères et des soeurs pour lui tenir compagnie. Il pourra ainsi discuter de cela avec ses parents. Il faut veiller à ce que l'aîné n'abuse pas de sa situation; il peut apprendre à faire des concessions et sacrifier certains de ses jouets. Quant à l'enfant du milieu, il demande beaucoup de doigté; de temps en temps, il faut le traiter comme l'aîné ou lui laisser avoir quelques privilèges du cadet. On ne peut pas donner des règles, c'est à voir avec chaque enfant en particulier. Dans les disputes, en général, il est préférable de ne pas intervenir et donner raison à l'un ou à l'autre, mais de laisser les enfants se débrouiller entre eux et ne pas prendre cela au tragique. On ne peut éviter les disputes et je ne sais pas si c'est tellement désirable; un enfant qui ne se querelle jamais est un enfant qui ne sait pas s'affirmer. Il y a des querelles salutaires, engendrées par des malentendus momentanés et non par des rancunes ou des jalousies longtemps ressassées. Ces querelles normales préparent l'enfant à la lutte pour la vie et à l'adaptation à la société. Celui qui a bien résolu ses rivalités avec ses frères et soeurs pourra, plus tard, résoudre des rivalités avec des concurrents. L'essentiel est que les enfants soient en bons rapports avec leurs parents et se sentent aimés. *Le résumé de ce cours est à la disposition de nos abonnés. |
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