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Bienveillance
Par une chaude journée du mois d'août, dans un beau coin du Valais, deux amies, Véronique et Madeline devisent gaiement devant un chalet montagnard.
Brusquement, leur conversation est interrompue par l'arrivée d'une visiteuse de passage. Véronique la reçoit aimablement, tandis que Madeline observe une réserve pleine de dignité et laisse même voir son déplaisir d'être ainsi interrompue dans son bavardage.
Après le départ de la jeune fille, Véronique interpelle son amie: «Ecoute, Madeline, lors même que cette visite te déplaisait, tu aurais dû être polie»; et, dans sa bouche, politesse signifiait non pas amabilité mondaine, mais bienveillance.
Bienveillance, fleur rare qui ne se trouve pas sur tous les chemins et dont le parfum adoucit l'amertume des vies dépouillées, rayon de soleil qui verse sa lumière dans les coeurs lassés. A celui qui la rencontre, elle donne un peu de joie, l'oubli momentané des peines et des déceptions que la vie prodigue.
Parmi les êtres bienveillants que j'ai connus, l'un d'eux me laisse un souvenir particulier. Il m'a fait du bien chaque fois que je l'ai approché. Venant d'un être jeune et charmant, mais que les épreuves n'épargnaient pas, sa bienveillance avait une saveur toute particulière. Laissant de côté les défauts et les petitesses de ceux dont nous parlions, il mettait en lumière ce qu'il y avait de beau et de bon en eux, et son sourire, mieux encore que ses paroles, reflétait la bonté de son coeur. Etre très clairvoyant, il voyait, bien sûr, le revers de la médaille, mais ne s'y attardait pas. Et, de nos nombreuses heures d'intimité, je garde un souvenir ineffaçable parce que dépourvu de cet esprit critique qui empoisonne tant de relations.
Bienveillance veut dire, non pas absence de jugement, mais bien absence d'esprit critique ce qui est fort différent. Selon Larousse, bienveillant vient de deux mots: «bien» et «veuillant». Ce dernier, participe inusité de vouloir, signifie qui veut du bien,... qui fait preuve d'une disposition favorable envers quelqu'un.
Comme le monde serait transformé, si nos rapports humains étaient empreints de bienveillance !
L'on se donne beaucoup de peine, de nos jours, pour améliorer le sort de ceux qui souffrent, pour alléger leurs fardeaux. Mais l'amour est-il vraiment le mobile de nos actions ?
Est-ce la main tendue à celui qui cherche un être auquel confier ses peines, le sourire accompagnant l'offrande, la grâce s'approchant de celui qui ne demande qu'un peu d'amour ?
Est-il bienveillant le maître envers l'élève malheureux dont il devrait connaître les circonstances avant de le décourager par trop de sévérité ? Et l'élève s'approche-t-il avec bienveillance de ce maître qu'il critique sans savoir la cause de sa lassitude ?
La bienveillance a-t-elle pris la place de la condescendance qui blesse et humilie, et les rapports entre parents et enfants, maîtres et serviteurs, patrons et ouvriers en sont-ils inspirés? Est-elle l'hôte de nos foyers, la flamme qui les réchauffe ?
Dans un journal illustré paru dernièrement, il est question d'une Marguerite dont les pétales ne se flétrissent pas. Il s'agit d'une femme de ce nom qui, dès sa tendre enfance a semé la joie sur son chemin. Nombreux furent ceux qui, en pensée, effeuillèrent cette Marguerite et dirent: «Elle nous aime un peu, beaucoup, fidèlement. A présent, dans toute sa maturité, point du tout fanée, mais parfois fort secouée par la vie, cette voisine au prénom de fleur continue à donner son amitié, ses sourires encourageants, à jeter sur les gens ses regards affectueux et compréhensifs, à poser ses yeux magnifiques sur toutes choses pour les admirer et s'en inspirer».
Aimer... un peu, beaucoup, fidèlement... C'est là tout le secret de la bienveillance.
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