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La peur dans la vie de l'enfant

Sur l'origine de la peur chez l'enfant, les opinions des diverses écoles psychologiques sont diamétralement opposées: les unes affirment que la peur est transmise d'une génération à l'autre, les autres qu'elle est un produit de l'éducation; Freud a dit que la peur remonte au traumatisme physiologique de la naissance. Nous sommes d'avis que la peur elle-même n'est pas innée, mais bien la tendance à réagir par la peur à certaines situations, et ceci fait partie de l'héritage de tout être humain: la peur est dans la vie psychique ce que la douleur est au corps, un signal que l'intégrité de notre personnalité est menacée.

La peur peut naître de sensations purement physiques, venant du monde extérieur ou des profondeurs de l'organisme: fracas, perte d'équilibre, douleur soudaine, menace d'asphyxie, affection cérébrale, intoxication, etc.

... La propension à la peur varie grandement d'un enfant à l'autre. Elle dépend, d'une part, de l'attitude des parents (et celle-ci diffère souvent à l'égard des enfants d'une même famille, selon le sexe, le caractère et les circonstances), d'autre part, de la confiance de l'enfant en lui-même. Celle-ci varie selon ses capacités intellectuelles, sa robustesse, etc. Certains enfants envisagent chaque situation nouvelle avec audace et entrain, d'autres, avec anxiété.

Le jeune être humain ne peut aborder la vie avec assurance que s'il grandit dans une atmosphère de bonne humeur et de courage. Si ses protecteurs naturels n'ont pas foi dans leur possibilité de surmonter les difficultés présentes ou futures, le poids de leur inquiétude pèse sur l'enfant, même si celle-ci n'est pas exprimée en paroles. Une famille forme une communauté d'âmes où tout se transmet d'un inconscient à l'autre: rien n'est plus contagieux qu'une émotion.

... Il est certes nécessaire d'habituer l'enfant à la prudence, mais les recommandations doivent être sobres et fermes, données sous forme de défenses énergiques, sans pathos et sans marque d'anxiété de la part des parents. De longues conversations sur les maladies et les accidents, des précautions hygiéniques accentuées au point qu'on en devient esclave, transforment le bienfait de la santé en un objet de préoccupations continuelles. La peur du médecin, si fréquente chez les enfants, provient moins de l'expérience de la douleur, vite oubliée, que de l'angoisse des parents qui ne peuvent supporter l'idée de la souffrance de leur petit ou tremblent pour le diagnostic. Le visage inquiet de la mère, ses manifestations inattendues de tendresse, annoncent un danger.

Des craintes concernant la situation économique de la famille ou les événements politiques ne doivent pas être formulées devant l'enfant pour qui elles représentent des problèmes insolubles. Les informations qu'on lui donnera, lorsqu'il sera en âge de comprendre, doivent lui montrer qu'il y a, aux plus grandes difficultés, une issue réaliste mais positive.

La discorde conjugale est pour l'enfant un déchirement, la destruction de sa sécurité. Il aime chacun de ses parents et s'identifie avec eux, ressent leur désarroi, les voit souffrir et se trouve privé de leur appui et de leur attention. Même s'il n'est pas témoin de bruyantes querelles, un froid étrange remplace le déroulement joyeux d'une vie de famille harmonieuse.

Les superstitions auxquelles croient les parents (que le nombre 13 porte malheur, qu'il faut toucher du bois lorsqu'on s'est félicité de sa chance, etc.) sont l'expression de leur propre insécurité et compromettent la conception que devrait avoir l'enfant d'un monde où la réussite est influencée par des actes appropriés et non par des influences magiques. Si les adultes ont peur des voleurs ou croient aux fantômes, qu'ils épargnent ces inquiétudes aux enfants et leur apprennent à se préoccuper de la réalité et non de dangers hypothétiques.

... L'exemple des adultes est un facteur essentiel dans diverses peurs enfantines: insectes, grenouilles, souris, vers de terre, n'inspirent généralement aux petits aucun dégoût mais sont autant d'objets éveillant leur curiosité. Celle-ci ne fait place à l'horreur que si la mère manifeste sa répulsion.

Des parents inquiets sont donc très souvent responsables du caractère craintif de l'enfant.

L'abus de l'autorité paralyse l'enfant en lui inspirant la crainte des parents. Extérieurement, il se conforme à leur volonté, mais sa vie réelle se passe loin d'eux, dans le monde secret de sa fantaisie: il se forme ainsi une scission dans sa personnalité, qui, associée un jour à d'autres facteurs, va constituer le point de départ d'une maladie mentale. Par l'abdication constante devant une volonté plus forte, il sacrifie l'esprit d'initiative et de combat, condition de toute activité constructive. En outre, il gardera à jamais la crainte des personnes revêtues de quelque autorité.

Des critiques continuelles minent la confiance de l'enfant en lui-même. Des exigences scolaires dépassant ses capacités sont l'occasion d'angoisses chaque jour renouvelées, accrues par les foudres d'un père qui se croit déshonoré par des résultats médiocres. Des parents qui considèrent que leur enfant n'évolue pas comme ils le souhaitent, qui lui prodiguent des remarques décourageantes, sont à l'origine du sentiment d'infériorité. Leur constante désapprobation transforme en une hantise la crainte de leur déplaire; elle rend toute libre décision impossible à l'enfant en présence de ses parents.

... La peur n'est pas un moyen éducatif: elle affaiblit et fait souffrir. Les menaces, Père Fouettard, Croquemitaine, Loup-Garou, arrivent bien à effrayer l'indocile, mais leur usage prouve que celui qui s'en sert est incapable d'obtenir l'obéissance par sa propre autorité. Lorsque l'enfant sera en âge de distinguer l'imaginaire du réel, le mal qui n'a pas été combattu en faisant appel à la raison ou à la conscience reprendra le dessus.

... La confiance en soi d'un enfant peut être battue en brèche par ses camarades lorsqu'il constitue, par une déficience intellectuelle ou physique, par son obésité ou par une particularité frappante, un objet facile de moquerie. Les écoliers sont sans merci pour celui qui est différent des autres et impuissant à se défendre. C'est pourquoi l'enfant tient par-dessus tout à ne pas se distinguer de ses camarades par son vêtement, son langage, ses loisirs. Il faut l'y aider.

... Lorsqu'un climat d'insécurité est ainsi créé, l'enfant est la proie d'une peur diffuse, insupportable et invincible parce qu'elle n'a pas de forme, incompréhensible parce que le milieu est une réalité dans laquelle vit l'enfant mais qu'il ne saurait analyser.

Nul ne peut prévoir sur quel objet se cristallisera cette peur diffuse. Une fois concrétisée, elle ne se manifestera qu'à de certains moments et permettra à l'esprit de trouver une relative sérénité lorsque l'objet de crainte est absent.

C'est au hasard d'une lecture, d'un film, d'une conversation entendue, ou à la suite d'une menace, que la peur se fixera sur son objet, l'enfant s'y accrochera comme à une idée fixe, malgré tous les raisonnements, si absurde ou invraisemblable qu'il soit: peur des accidents, des incendies, des tremblements de terre, de la mort, des fantômes, peur d'être enterré vivant, d'être perdu ou abandonné par les parents, peur de l'obscurité, des voleurs, des criminels, etc.

Très souvent, cette peur aura pour résultat et pour but inconscient de retenir les parents auprès de soi, de fixer davantage leur attention.

(A suivre).









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