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La peur dans la vie de l'enfant (suite) *

Dans la suite de leur étude, les auteurs insistent sur le fait que la peur diffuse, qui force à être constamment sur le qui-vive, absorbe une grande partie des énergies psychiques, qu'elle compromet la santé, entrave les progrès scolaires et presque toujours s'accompagne de symptômes nerveux accessoires (agitation, tics, crises de larmes, énurésie, etc.), ainsi que de troubles du caractère et du comportement.

La peur cause donc dans la vie de l'enfant des ravages si considérables que l'éducateur doit lui accorder une attention toute particulière.

Voici ce que conseillent les Dr H. et Ch. Bittner-Vanderhecht dans la dernière partie de leur exposé:


Vouloir supprimer complètement la peur serait aller à l'encontre de la nature et de l'instinct de conservation. Il faut distinguer la peur rationnelle et la peur irrationnelle, guérir l'enfant de son sentiment d'insécurité, de la peur latente et de ses cristallisations, peurs absurdes inaccessibles à aucun raisonnement et crises d'anxiété caractéristiques des névroses d'angoisse... On ne guérira la peur ni par les moqueries, ni par les punitions qui donnent le sentiment d'être incompris....

Nous avons vu que l'anxiété des parents est souvent la source de l'insécurité chez l'enfant. C'est leur propre confiance dans la vie qui doit être fortifiée par le médecin psychothérapeute ou le confesseur, secondés s'il le faut de l'assistante sociale. La tâche éducative des parents peut être facilitée, et leur appréhension de maints accidents réduite, s'ils sont instruits dans l'art d'enseigner à l'enfant la prudence; il suffit, en effet, d'user d'un nombre assez restreint d'interdictions, présentées comme des impératifs catégoriques (mais, on l'a vu, sans menaces causant de nouvelles peurs), et d'une surveillance attentive... Et pour le reste, on se souviendra que certains risques doivent être acceptés à partir de l'âge «de raison» pour former des êtres responsables et expérimentés.

Dans les cas où il découvre que le manque de tendresse des parents est la cause de l'anxiété de l'enfant, le psychothérapeute s'efforcera d'augmenter leur affection en leur montrant les côtés positifs de son intelligence et de son caractère et la manière de favoriser au maximum son développement; il leur fera voir quelles sont les qualités que l'enfant ne saurait acquérir qu'avec leur aide et grâce à leur compréhension, afin que la beauté de leur tâche les incite à y prendre goût. Il attirera l'attention des parents autoritaires sur la nécessité de laisser à l'enfant le plus d'initiative et de spontanéité possible, tout en l'orientant insensiblement vers des activités saines et formatrices, et en veillant à ce que la discipline imposée, nécessaire à sa santé physique et psychique, lui laisse des moments de liberté... Les critiques devront être constructives, c'est-à-dire montrer à l'enfant qu'il est possible de s'améliorer; les menaces remplacées par une attitude de fermeté tempérée de bonne humeur.

... Si le traitement ne s'applique qu'à l'enfant, outre que celui-ci peut être aidé personnellement, ses progrès auront à leur tour une influence favorable sur l'attitude des parents.

On encouragera l'enfant à désirer se conduire comme un grand (c'est-à-dire comme un enfant de son âge et non comme un enfant plus jeune) ! La possibilité même de pouvoir confier à une personne compréhensive son mal secret est pour l'enfant, isolé par la peur, un grand soulagement.

Les difficultés scolaires seront vaincues avec le concours d'un répétiteur ou en mettant l'enfant dans une classe mieux appropriée à son niveau. Sa confiance en soi sera accrue si l'on trouve des activités dans lesquelles il puisse exceller, en augmentant sa robustesse corporelle par la gymnastique et le sport, en le rendant plus sociable et plus débrouillard par la participation à un groupement de jeunes, tel que le scoutisme.

Considérons maintenant le traitement de quelques formes particulières de la peur.

Le trac remonte ordinairement à une première expérience d'échec ou de ridicule. On s'aguerrit en apprenant à réciter puis à parler librement sur un thème choisi dans un petit groupe bienveillant où chacun est mis à contribution à tour de rôle.

La peur de l'obscurité sera combattue non en forçant le peureux à s'aventurer dans le noir, ce qui transformerait son appréhension en panique, mais en l'accompagnant pour lui prouver qu'il n'y a rien à craindre, en restant quelques moments auprès de lui dans l'ombre avant de lui souhaiter bonne nuit, ou encore en jouant à se retrouver et à se diriger dans l'obscurité.

Les peurs purement physiques - de l'eau froide, de nager, de plonger, de faire certains exercices de saut ou d'équilibre - seront surmontées par l'entraînement progressif en compagnie d'un camarade ou d'un instructeur expérimenté, dont l'exemple et le soutien communiquent la confiance.

On fera des animaux ses amis: il leur donnera à manger, sera encouragé à les caresser, écoutera ou lira avec intérêt des histoires sur leur vie. On lui apprendra d'autre part qu'en présence d'un chien hargneux ou d'une guêpe, l'agitation et les cris provoquent le danger au lieu de l'écarter.

La peur de la mort, en tant que telle, n'existe pas chez l'enfant dont la vie est empreinte d'un sentiment de sécurité et toute remplie des plaisirs et des intérêts de chaque jour. La peur de la mort ne signifie rien d'autre que la crainte d'être séparé de ses parents et par conséquent privé de leur protection. Chez le petit malade, elle provient de l'anxiété des parents ou des grands-parents, et reflète simplement le sentiment des adultes qui présentent habituellement la mort comme le mal le plus effrayant qui soit. A cet égard, seules, la foi et la confiance peuvent aider.

Résumons-nous. Comment empêcher la naissance de la peur chez l'enfant? Les parents jouent ici le rôle primordial. Qu'ils créent autour de l'enfant une atmosphère de paix joyeuse et aimante, qu'ils soient maîtres d'eux, indulgents et compréhensifs, qu'ils se servent pour éduquer non de la menace, mais de l'encouragement... Et l'enfant grandira libre d'angoisses. Ils le prépareront à une opération, à une mort - ou à une naissance - dans la famille, le libéreront d'appréhensions excessives concernant un échec scolaire. Les films ou les lectures de terreur pure seront évidemment proscrits. Chez le médecin, on ne trompera pas l'enfant; au contraire, on lui donnera confiance, lui faisant comprendre que le docteur désire le guérir et lui conserver la santé. Ceci vaut plus encore pour le dentiste: il ne faut jamais leurrer l'enfant en lui disant qu'il n'aura pas mal. Ne nous faisons pas d'illusions: le dentiste fait mal, et la confiance enfantine ainsi abusée sera gravement ébranlée. Rappelons que la douleur stoïquement supportée s'oublie bien vite et qu'il ne reste que la fierté d'avoir fait preuve de courage !

Plus l'enfant reçoit de sa mère, dès sa naissance, de véritable, profonde et chaude affection, plus grande sera sa propre faculté d'aimer. Mieux il sera à l'abri des tendances agressives, des sentiments de culpabilité et des états d'anxiété et ceci vaut pour toute la vie.

Mais il convient que la mère donne à l'enfant une affection véritable, dirigée dans le sens de son «bien» à lui, et non de son «plaisir» à elle. L'hyperprotectionnisme, la sollicitude excessive satisfont peut-être la mère, mais nuisent gravement à l'enfant.

L'action de la mère en premier lieu, du milieu familial et de tous ceux qui portent la responsabilité du bonheur de l'enfant, apparaît donc comme essentielle dans la protection du jeune être contre les complexes d'angoisse.

Les peurs physiologiques, maintenues dans de saines limites par l'éducation du corps et des émotions, doivent être respectées, car elles jouent un rôle protecteur.

Mais la peur pathologique, débilitante, qui naît du manque de sécurité affective, doit être reconnue à temps pour favoriser le plein épanouissement d'êtres libres et forts.


* Entretiens sur l'Education février 1953.









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