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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURIl faut, parfois, savoir s'arrêter... Vous ne voudrez peut-être pas en convenir... et pourtant c'est la vérité: nous vivons tous comme des fous! Mais oui, tous... les hommes, les femmes, vous, moi... Et tout dans l'existence actuelle concourt à cette fièvre... Le bruit nous use et le temps nous pousse... il y a tout d'abord pour presque chacun de nous le travail professionnel car il faut bien gagner son pain, puis, pour les uns les mille et une activités du dehors, pour les autres tant de besognes ménagères et familiales qui attendent notre retour... et comme il faut bien, pourtant, un peu d'agrément aussi, on s'ingénie à trouver place, dans des journées déjà pleines à craquer, pour les bains, le cinéma, la danse, les voyages, le camping, et tout, et tout... Nous sommes ainsi... Il s'agit de prendre tout ce qu'il y a de bon, de plaisant dans ces journées qui passent si vite, si vite, sans perdre une seule minute ! Le temps nous pousse... Et l'angoisse du lendemain, la lutte quotidienne si âpre, le désir de possession, le souci pour soi et pour les siens, la préoccupation du qu'en dira-t-on, l'orgueil... pour ne pas dire la vanité si dévorante, si décevante aussi, le manque de simplicité dans nos coeurs et dans nos existences, nous rongent... Et nous tournons, nous tournons comme un écureuil dans sa cage savamment fabriquée, élégamment combinée et compliquée, dans sa cage qui le rend fou! Puis un beau jour, on n'en peut plus... C'est alors que tout au fond de nous, commence à briller comme un diamant, une pensée! Une toute petite pensée de rien du tout, dont cependant l'éclat grandit insensiblement, grandit jusqu'à tout envahir, jusqu'à devenir hallucinant ... : «Ah! si je pouvais m'arrêter, m'arrêter un instant, m'asseoir au bord de la route et me regarder vivre» ... Mais comment s'arracher à ce tourbillon, disloquer la cage luxueuse de l'écureuil... Folie... C'est impossible! Que non pas! Sagesse, au contraire... et bonheur aussi que l'écureuil ne soit pas encore assez fou pour ne plus rien désirer d'autre que le morne amusement de la roue dans sa cage ! Bonheur que l'être humain, pris dans l'engrenage, soit encore capable de gémir après autre chose que le ronron de ses besognes et de ses plaisirs quotidiens! Sagesse... mais oui! que vous désiriez être un homme, une femme, un être humain et non pas un robot. Car c'est bien en une de ces mécaniques admirables, dont le perfectionnement est stupéfiant, que l'existence actuelle est en train de nous métamorphoser. L'homme a besoin de paix et de repos pour rentrer en lui-même, pour vivre... et pour cela, il lui faut parfois s'arrêter, laisser ses mains inutiles endormies sur ses genoux, son corps las étendu, et ses yeux fatigués errer sur des choses belles, tranquilles. ... Savoir s'arrêter... un instant dans sa chambre, en se promenant seul pendant une heure, en s'évadant toute une journée, ou toute une semaine... bref, un temps plus ou moins long, durant lequel on ferme derrière soi la porte sur la vie habituelle et ses préoccupations quelles qu'elles soient et aussi urgentes qu'elles soient, et pendant lequel l'être profond, celui qu'on était au temps de l'enfance, vrai, enthousiaste, confiant, joyeux, reprend pied et oublie les rebuffades... Assis au bord du chemin qui monte, on plonge sur le passé, court ou long, qui s'éclaire, et prend toute sa signification. Et l'on découvre cette merveilleuse vérité que rien de ce qu'on a traversé, n'était inutile, ni les peines ni les joies, ni les erreurs ni les meurtrissures, ni les bonheurs... que la destinée fut exactement ce qu'elle devait être pour l'épanouissement de notre meilleur moi, que, vu de loin et de haut, le tableau est très beau avec ses ombres tout autant que ses clartés. Un puissant sentiment de plénitude nous envahit, nous comble et nous conforte; tout redevient facile de la vie de chaque jour où chaque chose prend sa juste place... pas plus... pas moins... Alors on sait intimément, profondément, inéluctablement que la vie vaut d'être vécue... Mais pour cela... il faut savoir, et vouloir s'arrêter parfois... |
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