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Comme l'églantier sauvage...
Les tout jeunes enfants sont comme les églantiers dans la forêt. Ils ont cette force vive sauvage et indisciplinée, ni bonne ni mauvaise en soi, mais pleine de possibilités de développement.
Comme les églantiers sont entourés de mauvaises herbes et doivent gagner leur place dans le taillis qui les entoure et pourrait les étouffer, les tout petits se trouvent placés dans un monde qui n'est pas à leur mesure, et auquel ils doivent s'adapter.
L'éducation est alors le support sur lequel ils viennent appuyer leurs tentatives vers la vie. C'est là sa fin: être la base sur laquelle viendront s'inscrire les différentes possibilités de chaque enfant, le cadre qui mettra en valeur ses dons particuliers.
Comment leur donner ce soutien? Comment les élever ?
Ils n'ont pas, tout au moins au début, le sens de ce qu'il est juste ou faux de faire.
Un jour, par manque d'attention, j'ai jeté quelque chose par la fenêtre. Marie-Laure (21 mois) me regardait, et immédiatement elle s'est saisie de ce qui lui est tombé sous la main et l'a lancé par-dessus le balcon ! J'ai alors compris combien c'est à moi à prendre des habitudes de régularité, de calme, de bonne humeur, d'ordre, si je veux que ma fille les acquière à son tour. Mes enfants seront ce que je suis. Cette interdépendance entre parents et enfants éclaire d'un jour nouveau les problèmes que l'éducation pose. Ce que je demande à mon enfant, je l'ai moi-même acquis mais parce que j'ai dû lutter pour y arriver, je ne m'attends pas à ce que du premier coup elle obéisse et réussisse parfaitement, cette indulgence n'étant pas faiblesse, mais compréhension.
Je sais aussi quelles sommes d'énergie il faut dépenser pour se bien conduire, et je tâche de lui éviter les occasions de bêtises. Nous-mêmes, ne prions-nous pas chaque jour «Ne nous induis pas en tentation» ?
Le champ des aventures permises est déjà tellement vaste lorsqu'on a deux ans! Et dans ces limites, j'encourage Marie-Laure à faire tout ce qu'elle peut elle-même.
Elle remarque quelquefois des taches d'eau sur le carrelage. Elle va immédiatement chercher la serpillère et s'évertue à tout essuyer. Je la laisse faire, même si dans son ardeur elle mouille beaucoup plus qu'elle n'essuie la cuisine.
Un appartement moins en ordre, des vêtements salis sont de bien petits inconvénients en regard d'un esprit d'initiative et d'indépendance qui se développe.
Il arrive naturellement qu'il faille couper de-ci de-là une tendance, comme on élague, pour mieux l'orienter, le jeune églantier. Quand il me faut corriger, je tâche de le faire pour ce qu'il y a de meilleur en ma fille, non contre ce qu'elle a de mauvais. Souvent d'ailleurs, les sottises sont la conséquence d'un trop plein d'énergie qui ne demande qu'à être utilisé.
De temps en temps, je donne à Marie-Laure un plat ou une assiette faciles à tenir en lui demandant de la passer à son papa. Pendant ces quelques secondes, elle est pleine d'attention, et la joie de faire quelque chose avec nous, son rire quand nous lui disons merci, nous sont un encouragement à lui confier de petites responsabilités.
Les enfants, par tout leur être, sont poussés en avant, et c'est une grande aide d'utiliser cette tendance pour leur éducation: leur demander de «grandir» leur est plus naturel que les encourager à ne pas «diminuer».
En relisant ces lignes, je pense qu'elles ne se rapportent pas beaucoup plus à l'éducation des tout petits qu'à celle des plus grands. Elles me précisent seulement que plus les enfants sont jeunes et malléables, plus nous avons la responsabilité d'être intérieurement forts et paisibles, puisque: Telle je suis, tel sera mon enfant.
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