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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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Un voyage mouvementé
La vie de famille est comme un voyage très mouvementé. Les circonstances extérieures qui varient mais surtout la diversité des caractères et parfois leur opposition naturelle en font une aventure périlleuse.
Les débuts sont souvent faciles autour du premier berceau où les parents, ravis, font la découverte de leur enfant. Puis la famille s'agrandit, des nouveaux-venus poussent les aînés dans la carrière et prennent leur place bien innocemment d'abord, puis plus tard en jouant parfois des coudes avec vigueur ou plaintivement.
Maintenant trois, quatre, cinq enfants sont là, ayant un rythme de vie différent, des aspirations variées et des besoins profonds qu'il s'agit de découvrir et de satisfaire. Et nous, les parents, nous sommes là, en tête, avec aussi nos aspirations et nos désirs face à ceux de nos enfants. Harmoniser ces divers éléments pour en faire un tout cohérent et une force croissante, voilà le problème, qui a été le nôtre comme celui de beaucoup de parents.
Au cours des années, nous avons fait quelques découvertes qui nous ont beaucoup aidés.
Et tout d'abord, il est tout à fait inutile de vouloir se maintenir, vis-à-vis de ses enfants, sur un piédestal où ils ne nous situent très vite plus du tout. Laissons de côté notre sentiment de supériorité, donnons-leur la main et faisons cercle ensemble autour d'une Sagesse et d'un Amour infiniment plus grands que les nôtres, dont nous avons, nous aussi, tout à apprendre et tout à recevoir. Cela peut se faire sous forme de tranquilles échanges d'idées suivis d'un moment de silence, quand un projet est en discussion (projet de vacances, répartition d'un travail ménager, etc.), chacun exprimant ensuite sa façon de penser. Les petits ont souvent d'étonnantes idées, pleines de bon sens et d'à-propos, et leur imagination toute fraîche peut enrichir singulièrement la nôtre.
Parfois il s'agit de régler des conflits ou de sévir contre une faute grave (mensonge, insolence).
Croyez-moi, là aussi la méthode du silence est très efficace, car elle permet de régler les choses par le dedans des coeurs, c'est-à-dire de telle sorte que c'est chacun qui voit ce qui doit changer en lui-même pour que l'harmonie règne à nouveau, surtout si les parents ont la sagesse et l'honnêteté de reconnaître, eux aussi, ce qui aurait pu être différent chez eux pour que le conflit ou la tentation soit surmonté ou n'existe pas.
Je connais un homme qui eut à faire un jour sous son toit à une grave entorse morale chez un jeune dont il avait la garde. Il dit à ce jeune: «pour que vous ayez pu faire cela chez moi, il a fallu que je sois moi-même bien peu à la hauteur, et je m'en excuse». Ces paroles bouleversèrent le garçon bien plus que n'aurait pu le faire une semonce, et il s'appliqua ensuite à mériter la confiance de celui qui avait su gagner son coeur.
Une autre découverte, faite récemment celle-là, est que les parents doivent apprendre à recevoir de leurs enfants toutes les richesses qu'ils ont à donner. Je pensais que c'était toujours moi qui devais leur donner quelque chose (bon exemple, sollicitude, expériences) et j'ai découvert que le les privais ainsi de la joie et du stimulant qu'il y a à apporter quelque chose aux autres. J'essaie maintenant d'être ouverte à toutes les richesses dont les jeunes sont prodigues, même si elles ne correspondent pas exactement à mes idées ou à mes opinions, et j'apprends ainsi à les connaître beaucoup mieux et aussi à élargir mon horizon.
Cet apprentissage de vie d'équipe en famille où le mot d'ordre est l'échange et non plus la direction à sens unique, peut se faire avec des enfants d'âges très différents; il abolit aussi la distance entre les générations, car on ne discute plus sur qui a tort ou qui a raison, mais on recherche ensemble ce qui est juste et bon, donc il n'y a ni jeunes, ni vieux, ni vainqueurs, ni vaincus, seulement des chercheurs et des amis attentifs à trouver la bonne réponse.
Si on a pris l'habitude de le faire pour des choses simples et quotidiennes, il n'est pas difficile de le faire, à plus forte raison, en temps de crise sérieuse comme toutes les familles en connaissent: cas de maladie grave de l'un des membres de la famille, changement dans le travail professionnel du père, difficile recherche d'un métier pour l'un des enfants, par exemple. Nous avons plus d'une fois expérimenté la force et la sécurité merveilleuse que cela donne de pouvoir aussitôt former une équipe ensemble pour chercher en silence, devant Dieu, le chemin qu'il faut suivre, dont la vision se dégage peu à peu des pensées exprimées par chacun, des petits comme des grands.
Il est peut-être nécessaire d'ajouter, quoique cela aille de soi, qu'il faut beaucoup de souplesse et de respect de la liberté de chacun, dans cette voie de l'équipe familiale. Il est des moments où l'un ou l'autre préfère marcher seul pour trouver sa personnalité; qu'il le fasse en se sentant toujours entouré de l'affection et de l'estime de tous les autres.
Le seul point où la vigilance des parents ne doit pas se relâcher est de veiller à ce que personne - ni eux-mêmes - ne s'endorment sur des expériences faites ou des positions qu'ils croient acquises. Il faut aller de l'avant, toujours de l'avant, les yeux fixés sur le Christ et ses Absolus. Ce n'est pas à une vie facile mais à une vie de combat et de conquêtes parfois chèrement achetées que nous sommes appelés, et vivre cela à plusieurs donne à la vie de famille un intérêt passionnant. Il suffit d'essayer.
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