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Ecole et famille

La collaboration dans les premières années d'enseignement

Premier jour d'école ! Comme nous vous le demandions dans notre récent article (1), mamans, vous avez conduit en classe un enfant qui a déjà acquis des habitudes précieuses. La maîtresse qui l'accueille l'a constaté avec joie. Mais votre tâche est loin d'être terminée. Nous abordons maintenant la seconde étape de la collaboration entre la famille et l'école.

La nécessité et la valeur de cette collaboration sont généralement admises aujourd'hui, aussi bien par la famille que par le corps enseignant. En quelques mots, le règlement de l'enseignement primaire genevois en donne une définition excellente: «Les parents et l'école doivent autant que possible collaborer à l'éducation et à l'instruction des enfants: la famille doit aider l'école dans sa tâche pédagogique et l'école compléter l'action morale de la famille». Ce texte pose, hors de toute confusion des responsabilités, les fondements solides d'une fructueuse collaboration.

L'enfant vu par ses parents et l'enfant vu par son institutrice sont souvent deux êtres assez différents. Et cette différence de point de vue suscite parfois malentendu ou prévention. Comment dissiper ce malentendu, éliminer cette prévention? Un seul moyen: le contact personnel, un entretien. Il est indispensable que des rapports suivis s'établissent entre les parents et la maîtresse. Souvent, c'est lorsque «quelque chose ne va pas» - selon l'expression consacrée - que le papa ou la maman prend le chemin de l'école. Il vaudrait mieux l'avoir fait avant, dans les premières semaines de l'année scolaire, car il est hautement souhaitable que la première entrevue soit libre de toute arrière-pensée, de toute menace de conflit, de toute tension.

Relevons l'utilité de tels entretiens pour la maîtresse. Ils permettent aux parents de lui fournir de précieux renseignements sur l'état de santé de l'enfant, son comportement hors de l'école, sa vie au sein de la famille, ses réactions affectives. Connaissant mieux l'enfant qui lui est confié, la maîtresse pourra exercer sur lui une action éducative plus efficace, car mieux appropriée. Au gré d'un entretien, auquel doivent présider, de part et d'autre, compréhension et bienveillance, les parents seront parfois déçus d'apprendre que leur enfant est moins doué qu'ils ne le supposaient, qu'il a de la peine à fixer son attention, à comprendre, à mémoriser. N'accusez pas la maîtresse d'excessive sévérité, avant de songer aux éléments de comparaison dont elle dispose. Parmi tous ses élèves, parmi tant de caractères différents, d'intelligences diverses, l'institutrice situe votre enfant, alors que vous avez rarement la possibilité de le comparer valablement à d'autres. Rappelons les lignes si judicieuses de H. J. Kocher: «Quand votre enfant entre à l'école, attendez-vous à des surprises. Vous le croyez - et c'est naturel à un coeur de mère - spécialement doué et intelligent, vif d'esprit, adroit de ses mains... Et voilà que, mis en contact avec vingt ou vingt-cinq autres bambins, il ne sort pas le premier aux examens, ne se montre même pas supérieur à la moyenne. Vous vous étonnez, vous vous indignez peut-être: «Personne ne sait reconnaître la valeur de mon enfant!» C'est là une des meilleures leçons que l'école puisse donner aux parents: la comparaison avec d'autres écoliers venus d'éducations, de cultures, de milieux différents, mais tous du même âge, tous soumis à la même instruction, nous permet d'apprendre à voir mieux le fort et le faible de ce petit être que jusqu'ici nous avions presque seul sous les yeux.»

Ces rencontres entre les responsables de l'éducation et de l'instruction de l'enfant, ces échanges de vues ont toujours d'heureux effets. Ils créent une atmosphère de confiance et de compréhension réciproque; dans ce climat, les petits incidents inévitables de la vie scolaire garderont leurs vraies proportions, les divergences possibles seront aisément surmontées, et, en toute occasion, une brève visite des parents à la maîtresse suffira à mettre toutes choses au point.

Ce contact interdit à l'enfant d'opposer, le plus souvent inconsciemment, ses éducateurs les uns aux autres. Il arrive pourtant que des parents refusent à l'institutrice la confiance qu'ils accordent à l'enfant. Je donnerai un exemple révélateur de cette attitude regrettable.

Un inspecteur d'école reçoit un jour d'un père de famille la lettre suivante: «Depuis quelques jours, ma fillette Maryse, classe de Mme X, se plaint de recevoir des gifles de sa maîtresse. Vous conviendrez sans peine que si l'on envoie les enfants à l'école, c'est pour apprendre, mais non pour être giflés. D'autre part, ma fille se plaint également des préférences manifestées par sa maîtresse, qui note pour rien celles qui n'ont pas le privilège d'être comptées parmi les préférées. Je compte sur votre obligeance pour faire en sorte que ces procédés cessent immédiatement, faute de quoi je serai obligé d'en appeler au Département de l'instruction publique.»

L'inspecteur procède sans retard à une enquête. Maryse, interrogée, fond en larmes et avoue qu'elle n'a jamais été giflée par sa maîtresse. Elle répète cet aveu en présence de son père. Outré d'avoir été trompé et surtout meurtri dans son orgueil, ce dernier veut sur le champ administrer à sa fille une «correction dont elle se souviendra». L'inspecteur s'interpose et ajoute ceci: «Vous aviez le devoir, Monsieur, de venir vous entretenir en toute franchise avec l'institutrice de Maryse avant de l'accuser. Cet entretien aurait permis de rétablir aussitôt la vérité. Vous avez préféré formuler des accusations infondées contre cette institutrice. Vous lui devez des excuses. Ensuite, comme il n'est jamais trop tard pour commencer à collaborer, il faudra, dans l'intérêt même de votre fillette, établir avec l'école une collaboration dont vous comprendrez peut-être mieux maintenant le sens et la valeur.»

Il est un autre pont à jeter entre la famille et l'école: c'est l'intérêt que les parents doivent prendre à la vie scolaire de leur enfant. Qu'ils sachent ne pas rester indifférents, mais au contraire qu'ils partagent ses intérêts, ses curiosités, ses enthousiasmes, qu'ils se réjouissent avec lui de ses petits succès, qu'ils saisissent toutes les occasions offertes de l'encourager. Que l'enfant puisse parler aux siens de sa vie en classe, de ses camarades, de ses expériences, de ses déconvenues comme de ses joies. Et le pont n'est pas à sens unique ! Bien des maîtresses associent la classe entière aux événements heureux ou malheureux qui surviennent dans chaque famille.

Dans le cadre de cet intérêt pour la vie scolaire de leur enfant, les parents ont un devoir précis: le contrôle du travail à domicile. Le plus souvent, les leçons à étudier sont préparées en classe et il s'agit à la maison d'une révision. Or, un enfant ne peut suivre l'enseignement que dans la mesure où ses leçons sont sues à fond, et ce but n'est atteint que dans la mesure où les parents contrôlent ce travail. Il ne faut pas admettre qu'une lecture soit hésitante, il ne faut pas signer des travaux bâclés ou criblés de fautes; il ne faut pas tolérer qu'un texte à mémoriser ou un livret soit su à peu près. Si ses parents admettent l'approximation et la médiocrité, pourquoi l'enfant, aisément satisfait de lui-même, chercherait-il à faire mieux ? N'accomplissez pas le travail pour ou avec l'enfant, mais assurez-vous que ce travail a été bien fait. Ce contrôle exige peu de temps. Nous savons que certaines circonstances familiales le rendent difficile. Il n'en reste pas moins qu'un enfant ne peut améliorer ses résultats scolaire s'il bâcle ses devoirs à domicile.

Rapports suivis avec la maîtresse, intérêt pour la vie scolaire, contrôle des devoirs à domicile, tout cela constitue ce que l'on pourrait appeler la collaboration directe. Il est une autre collaboration, indirecte celle-ci, mais aussi essentielle. C'est la sauvegarde de l'équilibre nerveux, mental et psychique de l'enfant. «Aider l'école dans sa tâche pédagogique», c'est lui confier des enfants que l'on aura protégés contre les influences nocives (veillées tardives, abus de la radio, etc.), qui compromettent cet équilibre si délicat.

Parents, vous pouvez compter sur le dévouement et la conscience professionnelle des institutrices. Les maîtresses doivent pouvoir, en retour, compter sur votre compréhension bienveillante et votre collaboration efficace.


(1) Voir «Entretiens sur l'Education», septembre 1953.









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