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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Bientôt maman!

«J'aimerais tant donner un enfant à mon mari» me disait un jour une très jeune femme, et quand ce désir devint une réalité, elle décida de mettre tout en oeuvre pour que le bébé fut beau et sain, quoiqu'il dût lui en coûter. Elle se plongea dans la lecture de gros bouquins très savants et de brochures plus modestes, traitant de la question. Peu à peu des éléments nets émergèrent de ce flot de renseignements et elle put se tracer une ligne de conduite simple et claire, que son médecin encouragea.

C'est ainsi qu'elle renonça tout de suite à l'alcool et au chocolat considérés unanimement comme nuisibles dans son état, ne but plus de café noir et peu de thé, et ne se permit plus qu'une cigarette par jour.

Elle vit aussi que le dicton: il faut manger pour deux, était faux car cela engraisse la mère sans donner nécessairement à l'enfant ce qui lui convient. Il s'agissait donc d'absorber une certaine qualité d'aliments plutôt qu'une quantité double, et dans ces aliments, il fallait choisir les plus sains et les plus naturels: des protéïnes sous forme de lait, laitages, fromage, oeufs, poissons, viandes grillées ou volailles; des graisses végétales ou animales - beurre compris - (100 gr. par jour), beaucoup de fruits et de légumes crus pour les vitamines et le fer, du pain complet (très important ), de l'huile de foie de morue ou de ses succédanés comme régulateur du métabolisme, du calcium et du phosphore à cause de la vitamine D. Le bébé prélève en effet, vers la fin de la grossesse, 1 gramme par jour de calcium à l'organisme maternel, d'où les ravages au niveau dentaire bien connus des futures mamans. Eh bien, elle s'aperçut, par ses lectures, qu'un litre et quart de lait, sous une forme quelconque (en potage, purée, yoghourt, gervais ou fromage blanc) fournit à lui seul 115 gr. de calcium, donc de quoi faire face au prélèvement quotidien du bébé sans en souffrir elle-même. Enfin elle accepta de manger ses aliments à peine salés, ce qui diminue automatiquement l'ingestion d'eau et, contribue ainsi à lutter contre l'épaississement exagéré des tissus maternels. La découverte de toutes ces vérités lui tracèrent un chemin qu'elle se décida à suivre avec beaucoup de joie parce qu'elle pensait sans cesse au petit être qui s'élaborait en elle et à qui elle manifestait ainsi son amour grandissant.

Vous dirais-je aussi qu'elle et son mari se sont déjà plongés dans la lecture de livres traitant de l'éducation, stylo en main, afin de noter les points qui les frappaient. Il n'est jamais trop tôt pour bien faire !

Cependant la jeune future maman sait qu'elle doit aussi prendre de l'exercice. Il y a une gymnastique pré-natale inspirée par la gymnastique suédoise dont elle a lu la description dans un ouvrage intitulé «Préparez-vous à une heureuse maternité» (1) qui doit préparer les muscles de la mère à son accouchement. Cette gymnastique pré-natale comprend tout une série de mouvements de relaxation, de respiration, d'exercices pour les membres inférieurs, d'exercices abdominaux et de mobilité articulaire. Elle comprend aussi des mouvements et des attitudes très simples que la femme peut faire dans son ménage (par exemple balayer un tapis en se mettant à quatre pattes par terre est excellent pour une femme enceinte). Ce livre contient des dessins très suggestifs indiquant les mouvements et les attitudes justes et salutaires. Naturellement en tout cela, il faut de la modération et de la prudence, mais les résultats sont surprenants. Ma jeune amie s'y est mise pleine d'ardeur et demeure alerte et vive tout en étant à la fin de sa grossesse.

Enfin, autre point capital, elle a compris que toute nervosité, tout mouvement d'humeur pouvaient avoir des répercussions sur la petite vie qui dépend si étroitement de la sienne, et, avec une émouvante ténacité, elle lutte pour demeurer calme et maîtresse d'elle-même en toute occasion. Ce n'est pas une victoire facile car son état favorise les malaises énervants et les légères angoisses, mais la vision du but l'encourage et elle ne s'achoppe pas aux pierres du chemin. Une idée lui tient fidèle compagnie: je participe à la Vie et à son prolongement. Tout ce qui se passe maintenant en moi et tout ce qui vient est un acte naturel et normal. En me pénétrant de cette idée, je collabore activement à ce grand mystère de vie et le le facilite. Et quand viendra son point d'achèvement, je serai prête et je ne craindrai pas, me remettant aux forces de Vie auxquelles j'ai obéi en toute simplicité.

Tout cela est bel et bien, et je sens que ma jeune amie est sur la bonne voie, qui met humainement les meilleures chances de son côté, pour elle et son enfant, avant l'évènement qui les révèlera enfin l'un à l'autre. Mais, au-dessus de tous ces soins et de toutes ces précautions, je pense à la grande Présence invisible qui préside au destin de tous les hommes, et c'est à Elle surtout que je confie toutes les mères et tous les bébés du monde.

Leur faiblesse est si grande dans ce monde où règnent la violence et l'égoïsme! Mais la Providence les tient dans sa grande main aimante, et nul ne peut les lui ravir, en fin de compte. C'est là la seule vraie sécurité.


(1) Par Fernande Harlin, aux éditions «Les Presses d'aujourd'hui» Paris.









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