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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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L'enfant et ses premières ébauches d'art

Ils chantent, ils dansent les «petits d'hommes». Les mains barbouillent, les mains modèlent la terre. Les mains découpent des formes étranges.

«Les petits d'hommes», ils clouent, ils scient, ils bâtissent.

En s'exprimant spontanément et librement, tous, ils nous livrent leur mystérieuse vision des choses.

Ils ne se préoccupent pas beaucoup de nous. C'est bien cela qui nous désarçonne, nous, adultes, n'est-ce pas? Mais... ils ont un chemin à parcourir, le leur et non le nôtre. Suivons-les:

Ils marchent à la conquête du monde ! Ils doivent adapter ce monde à leur premier moi, avant de pouvoir s'adapter, eux, à notre monde.

Pour ce faire, ils s'emparent sans autre du royaume du mouvement, du royaume des sons, du royaume, de la couleur, des formes, des dimensions, etc.

Jusqu'à 4 et 5 ans, en maîtres, ils multiplient leur expériences. C'est l'activité sensori-motrice dans sa phase la plus caractéristique. C'est l'âge de la sensation, de la perception. L'enfant agit pour percevoir. Il éprouve émotion après émotion. Ces émotions suscitent en lui d'urgents et multiples désirs d'actions, bien incoordonnées encore, cependant seules, des expériences propres, longuement répétées, longuement éprouvées permettront au bambin de prendre conscience de son moi.

Mais... dans cette étape de l'enfant qui tient au miraculeux, quel est notre rôle, à nous, éducateurs, parents ? Notre rôle ! il est des plus important.

Accompagnons les explorateurs, partageons leurs émerveillements, encourageons leurs efforts. Soyons prêts à les aider juste au moment opportun. Avec eux, essayons de vaincre tous les obstacles.

En temps voulu, nous augmenterons des chances nouvelles de conquêtes.

Oui, l'enfant va de conquête en conquête, de victoire en victoire. Tous ses essais sont des travaux d'approche. Nous ne devrions supprimer aucune de ses nombreuses répétitions. Chacune d'elles est une marche dont il a besoin pour se hausser sur la plateforme suivante où il s'arrête quelques moments pour prendre conscience de ses actes et de sa pensée.

L'activité de l'enfant est incessante dans tous les domaines. Particulièrement dans ses créations picturales et plastiques. Tant que possible, n'apportons pas de restrictions dans les matériaux, papiers, couleurs, etc.; ces derniers doivent être choisis avec une réelle connaissance des besoins de l'enfant.

Surtout, pas d'intervention inopportune, pas de critique et, même, pas de conseils non réclamés!

C'est par ses propres oeuvres que l'enfant renouvelle son élan. L'entourage a certainement une belle part d'influence dans ses productions. Mais, avant tout, c'est dans un fond de fantaisie insoupçonnée par l'adulte qu'il puise tout ce qu'il exprime par la forme, par la couleur.

L'enfant a besoin de temps pour réaliser ses oeuvres; l'éducateur ne doit pas le limiter. L'enfant a son rythme propre qui ne peut être changé par l'adulte.

Ce qui doit frapper l'éducateur, c'est le perfectionnement que l'enfant apporte à ses créations, et cela, sans son aide, sans ses suggestions.

Ce perfectionnement est en relation immédiate avec son progrès physique, psychique et intellectuel.

L'enfant a ses inspirations et ses aspirations, nous ne pouvons pas leur substituer les nôtres.

La peinture, le dessin, le modelage, la danse, les créations spontanées de mélodies sont des expressions libératrices pour l'enfant.

Méditons quelques-unes des pensées si profondes d'un récent poème islamique dont la traduction inédite a été donnée par K. Gibran dans un numéro de «Voilà».

«Vos enfants ne sont point vos enfants.

«Vous pouvez leur donner votre amour mais non pas vos pensées, car ils ont leurs propres pensées.

«Vous pouvez tâcher d'être comme eux mais ne cherchez pas à les faire comme vous.

«Car la vie ne va point en arrière ni ne s'attarde-t-elle avec hier.».









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