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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'individu et le groupe (1) Les premières pages - dont nous reproduisons quelques extraits - du livre remarquable de M. H. Johannot, montrent à quel point l'homme est obligé, qu'il le veuille ou non, soit par son instinct grégaire, soit par la structure de la société actuelle, de vivre et travailler en groupes. Mais l'auteur le dit clairement: «il faut apprendre à vivre ensemble». Nous venons de voir que le jeu «socialisé» chez l'enfant est l'aboutissement d'une évolution naturelle de son activité ludique. Il y a donc chez tout être humain cet instinct - plus ou moins marqué - de la recherche du groupe. En en tenant compte, l'éducateur aidera l'enfant à devenir un «être social», expression employée par M. Johannot pour désigner l'individu qui est apte à participer à la vie d'un groupe social. Ils sont réunis et délibèrent: ici une commission parlementaire, là un conseil d'administration, ailleurs le comité d'une société de jeunesse. Plans en main, le chef d'un chantier s'entretient avec ses contremaîtres. Un groupe d'étudiants discute avec quelques professeurs. Autour de la table de famille, parents et enfants font des plans pour les vacances prochaines. Qu'y a-t-il de commun entre ces divers groupements? Pas grand-chose, semble-t-il! Commission, conseil, comité, famille: ces termes, évoquent des notions différentes, comme aussi les appellations décrivant l'occasion de leur rencontre: séance, conférence, consultation, conversation. La raison d'être et le but de ces associations diffèrent à un point tel qu'ils ne peuvent être comparés. Pourtant, malgré toutes ces dissemblances, il existe entre ces groupements quelque chose de commun. Chacun d'eux est composé de personnes associées dans un but bien déterminé. Leurs membres s'appliquent à remplir ensemble une tâche précise. L'idée ne viendrait à personne de comparer ces groupes à des voyageurs attendant un train sur le quai d'une gare, ou à des convives que le hasard a réunis dans un restaurant pour quelques instants. En dépit de la diversité de leurs conditions ou de leurs sujets d'intérêt, tous les membres de ces groupes ont un objectif qu'ils cherchent à atteindre d'entente avec d'autres, et ils acceptent inconsciemment et incomplètement peut-être, les conséquences d'une telle entreprise en commun... Pourquoi se grouper ? Les psychologues et les sociologues étudient l'instinct grégaire et son rôle dans la vie des individus et des sociétés. Au point de vue pratique, il suffit de constater simplement que, pour assurer leur vie, leur bien-être, leur confort, leur sécurité, leur agrément, les hommes se réunissent et s'associent. Ils le font pour être ensemble, pour vivre côte à côte, pour partager leurs sentiments. Poussés par des affinités de goûts et d'intérêts, ils se groupent. Ils sont unis par des liens d'amitié et d'affection. Sauf dans des cas tout à fait exceptionnels, les hommes doivent travailler ensemble. Cette association n'est que rarement volontaire, elle est généralement le fait de la contrainte économique et d'obligations techniques indépendantes des volontés. Qu'il le veuille ou non, qu'il y soit apte ou non, que cela lui plaise ou non, l'homme doit collaborer sous une forme ou sous une autre avec ses semblables dans une certaine profession, dans une certaine branche de celle-ci, dans une entreprise donnée, dans un département, un bureau ou un atelier particulier, et enfin dans un groupe de collègues. Pour s'instruire, se cultiver et se développer dans tous les domaines pratiques et théoriques, il y a avantage à se grouper pour recevoir l'enseignement de personnes compétentes et pour échanger ses idées avec d'autres. Des tâches sociales variées dont ni l'Etat ni les individus isolés ne peuvent s'acquitter obligent les hommes à s'unir. La vie politique est en grande partie basée sur le travail en commun dans les partis, assemblées, conseils, commissions responsables de la chose publique. Toute Eglise et toute société religieuse dépendent dans une large mesure de groupements dont le but est d'assurer la collaboration directe des fidèles. Enfin la vie récréative groupe jeunes et adultes dans des sociétés, associations, clubs, etc. Ainsi, pour toutes sortes de raisons, les hommes s'assemblent. L'association joue un rôle capital dans la vie de chacun. Elle peut certes, dans certains cas, avoir une influence néfaste, mais elle peut aussi contribuer aux plus excellentes réalisations et aux plus remarquables expériences. L'effort individuel n'atteint son rendement parfait que lorsqu'il est coordonné avec les efforts d'autrui. Les hommes ne sont pas solidaires seulement parce qu'ils se ressemblent, mais plus encore parce que, dissemblables, ils se complètent les uns les autres. La solidarité lie entre eux individus et collectivités. Partant du lien conjugal, qui unit deux êtres dans la plus étroite et la plus complète communion qui soit, Edward Montier a cette belle image: « ... ils sont deux: ils sont joints, il est vrai ; ils sont conjugués, c'est-à-dire placés sous le même joug, joug d'amour sans doute, mais qui les tient si strictement que le moindre mouvement de l'un fait réagir l'autre». Goblot, dans son dictionnaire, donne cette définition: «Deux choses sont solidaires quand l'une n'est pas indépendante de ce qui affecte l'autre. Deux personnes sont solidaires quand ce que l'une fait ou éprouve retentit en l'autre.» La solidarité est l'expression de l'interdépendance des hommes qui se manifeste autant dans la lutte et la souffrance que dans la collaboration et l'harmonie. Les groupes dont il est question ici se composent d'un petit nombre de membres. Apprendre à se bien comporter dans son entourage immédiat n'implique pas l'indifférence à l'égard des grandes collectivités auxquelles chacun appartient: la cité, la profession, la nation, l'Eglise, la race, l'humanité. Pestalozzi a sagement dit: «Seul celui qui aura maîtrisé les problèmes qui sont proches de lui pourra aller plus loin, et se proposer la solution de problèmes plus vastes». Une association ne peut atteindre pleinement son but que si les règles de collaboration y sont librement acceptées et observées. Croire que la bonne volonté ou la nécessité suffisent à créer la communauté est une erreur. Il faut apprendre à vivre ensemble... Prise de contact. ... Un groupe se constitue au prix de sacrifices et de renoncements. Les intérêts particuliers doivent être subordonnés aux intérêts collectifs. Rien ne contribue plus à la maturité intellectuelle et morale que les frottements et les efforts de compréhension des autres. Chaque individu apporte son bagage de connaissances et de compétences. La contribution de chacun à la vie du groupe diffère et doit rester différente, mais, progressivement les imperceptibles modifications d'attitude amènent des transformations dans la manière de sentir, de penser et d'agir des uns et des autres. Le groupe, par les relations qu'il impose et la contrainte morale qu'il exerce, joue son rôle puissant d'éducateur. Dans le groupe, chacun apprend, à tenir compte des autres, s'adapte à des situations déterminées par les besoins des autres, comprend son rôle en fonction des autres et conforme son comportement aux conditions si complexes de la vie d'un groupe social. L'individu devient ainsi un être social. (1) L'individu et le groupe, par H. Johannot. Edit. Delachaux et Niestlé. A côté de considérations générales sur la psychologie du groupe, on trouvera dans ce livre des données très utiles sur la façon d'organiser des groupes, sur les qualités que doit avoir le leader, sur la manière de préparer des séances de groupes, etc. Cela donne à ce livre une très grande valeur aussi bien documentaire que pratique. Prière d'inscrire le titre de ce livre sur le catalogue de notre bibliothèque circulante. |
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