Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Quelques considérations d'un juge sur le divorce.

Le problème du divorce a sa cause essentielle et première dans le problème du mariage. Ce n'est pas là une simple vérité à la Palice, mais l'expérience profondément vécue d'un homme qui, ayant pendant deux ans, comme président du Tribunal de première instance, entendu dans son cabinet les confidences de tous les candidats au divorce de la République et Canton de Genève, pour tenter, lorsque c'était encore possible, d'amener une réconciliation entre les époux divisés, a pu se rendre compte que, dans un très grand nombre de cas, la demande de divorce était bien plus l'aboutissement d'un mauvais mariage, que la conséquence de faits postérieurs au mariage et imprévisibles à ce moment. On a beaucoup parlé de divorces demandés à la légère. Mon expérience me conduit à nier que de telles demandes soient fréquentes; je les crois au contraire très rares. En général les époux que le président du Tribunal interroge dans le secret de son cabinet en audience d'essai de conciliation, parlent avec un assez confiant abandon et, assurés qu'il ne pourra être fait état de leurs déclarations dans le procès en divorce, si celui-ci doit avoir lieu, donnent sur les causes de leur désunion et de la décision qui les a amenés - ou qui a amené l'un d'eux - à demander le divorce, des explications plus complètes et plus sincères que dans le procès qui suivra où souvent, par pudeur, les parties s'appliquent à voiler ce qu'il y a de plus intime et de plus douloureux dans leur antagonisme. Les confidences entendues au cours de deux ans d'audiences d'essai de conciliation m'ont donné la conviction que dans la très grande majorité des cas les époux - ou l'un d'eux - ne se sont résolus à demander le divorce qu'après avoir vainement et sérieusement tenté d'éviter d'en venir à cette extrémité. Ce qui est effrayant ce n'est donc pas, comme on l'entend dire souvent, la légèreté avec laquelle le divorce est demandé, mais c'est le nombre des mauvais ménages. Ce n'est pas le divorce qui est demandé à la légère; mais c'est, trop souvent, le mariage qui est contracté avec une légèreté inouïe entre jeunes gens égarés par un entraînement passager, mais chez qui n'existe pas ce minimum d'aspirations communes ou de points de contact indispensables à la création d'une union solide.

C'est là la première, et sans doute la plus importante constatation du juge en contact avec les douloureux problèmes du divorce: la première cause du mal est dans le défaut de préparation au mariage, dans la légèreté avec laquelle, trop souvent, le mariage est considéré. Le premier remède est dans une meilleure préparation au mariage; faire considérer le mariage avec tout le sérieux qu'il comporte, il y a là une belle oeuvre pour les éducateurs et les Eglises, pour ces dernières en particulier, puisqu'il est bien évident - et l'Etat en devrait être plus souvent conscient - qu'une foi religieuse solide et commune est l'appui le plus sûr pour permettre aux époux de surmonter les graves difficultés auxquelles toute vie conjugale risque d'être exposée.

Une des particularités essentielles du procès de divorce réside dans l'opposition entre l'intérêt général de la société et l'intérêt particulier des époux en instance de divorce. L'intérêt général, pour autant que l'on admette que le mariage et la famille constituent le fondement de la société, exige que le divorce ne soit prononcé qu'à la dernière extrémité; le juge ne devrait recourir à cette ultime ressource qu'après qu'une procédure longue et minutieuse l'ait pleinement convaincu que le divorce s'imposait. Mais il se trouve en présence d'un homme et d'une femme qui souffrent; même lorsqu'une appréciation sévère des conditions légales pourrait le conduire à dire qu'une preuve objectivement certaine n'a pas été fournie du fait que la vie commune était devenue insupportable, il acquiert, dans le plus grand nombre de cas, la conviction qu'il est en présence de gens mal mariés, donc il n'y a guère de chances qu'ils arrivent jamais à créer une communauté harmonieuse et entre qui la vie commune ne reprendra sans doute pas, même si le divorce, qu'ils demandent tous deux, est refusé. Le juge, notamment lorsqu'il n'y a pas d'enfants, doit-il se montrer impitoyable ? Doit-il condamner des époux souvent encore jeunes, qui ont vainement tenté de réaliser l'union entre eux, à souffrir toute leur vie de l'erreur qu'a constituée leur mariage.? Doit-il, par une sévérité excessive, pousser indirectement l'un ou l'autre époux à l'adultère ou à la scène de violence qui constitueront une cause déterminée de divorce? Il y a là un cas de conscience que le juge, qui voit, proches de lui, les époux qui souffrent et se font souffrir, résoudra en général en ne se montrant pas d'une excessive sévérité dans l'appréciation de l'existence de la désunion profonde. Je ne crois pas qu'on puisse le lui reprocher, à la condition, bien entendu, qu'il ait acquis, par l'audition des parties et des témoins, la conviction qu'il était en présence de gens mal mariés, qui recouraient au divorce après avoir sincèrement et vainement tenté de s'accorder.


Le nombre tout à fait excessif des divorces actuellement demandés et prononcés est le signe d'une maladie morale qui doit être soignée en remontant aux causes. Le remède est d'ordre éducatif et moral, bien avant d'être d'ordre législatif. C'est en premier lieu l'éducation au mariage qui doit être reprise. C'est l'oeuvre des familles, celle aussi des éducateurs, laïques et religieux. A eux d'inculquer à la jeunesse la notion de la dignité et de la durée du mariage. Le législateur peut les aider dans cette tâche, mais son rôle restera subalterne.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève