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Comment parler aux jeunes enfants des problèmes sexuels

L'éducation sexuelle ne peut être séparée de l'éducation en général donnée au foyer par les parents; ce sujet s'intègre à la vie même de l'enfant. Il faut toutefois se préparer à répondre aux questions des petits et ma conviction absolue est qu'il faut leur parler dès leurs premières années et les amener ainsi, peu à peu, à la connaissance plus complète des problèmes sexuels.

Il faut parler, d'une part parce que nous enseignons nos enfants sur tant de points, désirant les préparer à la vie qui les attend; dans le domaine splendide de la transmission de la vie, notre devoir est donc également clair et tout tracé. Il faut parler d'autre part, avant que nous soyons devancées par des initiations maladroites ou brutales: qui dira le mal opéré dans le coeur des petits par des camarades grivois empoisonnant, dès sa source, l'intérêt légitime de l'enfant pour ces problèmes vitaux !

Pourquoi donc hésitons-nous si souvent devant cette initiation? Pour les unes, il s'agit d'un manque de liberté intérieure; nous n'avons peut-être jamais mis au point ces problèmes avec notre mari et vivons ensemble la vie des sens avec gêne, sans oser nous en ouvrir l'un à l'autre. Nous avons souffert nous-mêmes, autrefois, du silence ou des rebuffades de nos éducateurs et nos expériences malheureuses pèsent encore inconsciemment sur notre esprit. Pour les autres, qui sont toutes disposées à instruire leurs enfants, il s'agit seulement d'une hésitation devant la manière de s'y prendre. Comment parler? Quand?

Ces hésitations, ces troubles personnels des parents ont donc engendré la méthode dite «du mystère», ces paravents que sont les fables (chou, rose ou cigogne), méthode et paravents qui sapent la confiance du jeune enfant car, tôt ou tard, il découvre la tromperie des adultes, s'en étonne et conclut: Sujets défendus!

Et pourtant la mise au courant des petits enfants est si simple; à cet âge, les faits sexuels ne sont encore que des faits, sans arrière-plan de sentiment, et une réponse toute naturelle aux questions posées satisfait aisément le jeune questionneur. Voyons ensemble quels mots nous pouvons employer pour être comprises. Il faut toujours se servir d'expressions claires, imagées, cadrant avec l'univers restreint de l'enfant même si elles ne sont pas très «scientifiques» !

Le premier «pourquoi» portera généralement sur l'origine des bébés: «D'où suis-je venu?» Quoi de plus facile que de dire la vérité en la proportionnant à l'âge de l'enfant: «Tu as grandi dans une petite chambre dans le corps de maman !» Peu à peu l'enfant saura, grâce à nous, qu'il faut un papa et une maman pour créer un bébé, que le papa donne une graine à la maman et, quand bébé est resté plusieurs mois protégé par maman, il peut naître «par la porte des bébés» disait ma fillette, c'est-à-dire par une fente entre les jambes de la mère. Ce sera l'occasion d'expliquer à la fillette que, si elle n'a pas de «petit robinet» (ou «tuyau» ou autre terme connu de l'enfant pour désigner la verge), elle a ce privilège de posséder la «porte des bébés»; ainsi s'atténuera en elle le sentiment, souvent inconscient mais réel, d'être incomplète et frustrée. Notons qu'il est indispensable que les enfants d'un sexe voient l'autre sexe (à l'occasion du bain d'un bébé, par exemple) pour éviter les curiosités pouvant devenir morbides: les familles nombreuses facilitent ici singulièrement la tâche des parents!

Nous insisterons toujours sur la beauté et la noblesse des actes de vie ainsi que sur la propreté et le respect dus aux organes sexuels; l'enfant est très sensible à cette noblesse; un garçonnet de ma connaissance, à qui sa maman montrait une planche anatomique du corps féminin, s'écria, émerveillé:

- Oh! maman, je ne savais pas que tu étais si bien faite en dedans !

Si l'enfant n'interroge pas - cela arrive - prenons les devants, en tous cas avant l'entrée à l'école; parlons-lui très naturellement de ces problèmes; ou bien, il ne s'est encore posé aucune question, ou bien déjà, des petits amis lui en ont donné une idée... presque toujours fausse et souvent empreinte de honte. Notre intervention maternelle remettra donc utilement les choses au net et nous ferons comprendre à l'enfant que c'est à nous qu'il peut toujours venir poser, en pleine confiance, les questions qui l'embarrassent.

Le rôle du père est l'écueil redouté de beaucoup. Si les premiers enseignements ont été donnés et reçus paisiblement, le terrain est tout prêt et l'acte sexuel pourra être expliqué sans difficultés. Pourquoi ne pas dire à peu près ceci: «Quand un papa aime très fort une maman, il lui donne, au moyen de la verge (ou autre mot familier à l'enfant) une petite graine qui, passant par la «porte», entre dans la «chambre des bébés». Lorsque la graine du papa se réunit à celle de la maman, c'est le commencement du petit enfant.» Une fillette de neuf ans disait à ce propos: «C'est normal que les deux graines se rencontrent et donnent un bébé puisque, comme papa et maman elles s'aiment !» Charmante simplicité de nos gosses lorsqu'ils sont initiés avec tendresse !

Le Dr Richard (Education sexuelle de nos enfants) et la Drsse Stéphani (Le sexe a ses raisons) donnent tous deux d'excellents exemples d'explication pratique et vécue du rôle du père. Bien entendu, nous soulignerons le caractère sérieux de cet acte, réservé aux parents et dont on ne doit parler qu'avec eux.

Ce point essentiel sera mis au clair entre huit et dix ans, soit avant l'époque souvent difficile de la puberté; encore une fois, veillons à ne pas être devancées par d'autres, saisissons une occasion favorable et parlons sans solennité ni gêne, sûres d'agir ainsi pour le bien de notre enfant et d'éveiller en lui une joyeuse reconnaissance !

Avant la puberté aussi, prévenons nos fillettes de la venue des règles. L'image de la «chambre des bébés» peut être alors reprise (à moins que l'enfant ne soit assez développée pour apprendre le terme exact de matrice): «Pour accueillir une fois par mois la graine de la maman (ovule) qui descend d'une provision de graines (ovaire), la chambre se tapisse de sang; si la graine ne rencontre pas la graine du papa, elle est inutile et s'écoule au dehors avec le sang.» Explication fort sommaire mais suffisante.

Toujours nous insisterons sur la joie qu'il y a à devenir une «grande fille» puisque les premières règles sont en quelque sorte une promesse de futures maternités.

Nous expliquerons aussi au garçon, si nous trouvons sur son linge des marques de pollutions nocturnes, que les phénomènes de l'érection et de la pollution involontaire durant le sommeil, sont naturels et point blâmables; qu'il n'y a pas lieu de s'en troubler, car eux aussi sont promesse de paternité, mais qu'il ne faut jamais les provoquer artificiellement pour se procurer des sensations agréables. Evitons à tout prix la crainte et les menaces et montrons surtout à nos fils la grandeur du rôle de père qui les attend !

Reste désormais toute la question de l'adolescence et de notre attitude vis-à-vis de nos enfants qui grandissent; ce sujet déborde le cadre de notre article mais n'oublions pas que notre tâche, et surtout notre ouverture intérieure à ces problèmes et notre exemple de foyer harmonieux, prennent alors toute leur importance.

Peut-être ces indications pratiques et basées sur une expérience déjà longue, sembleront-elles puériles et simplistes à quelques-unes de nos lectrices.

Notre espérance est pourtant d'avoir aidé certaines mamans dans cette tâche douce et bien plus aisée qu'elles ne l'imaginent, d'ouvrir à leurs enfants le beau domaine des sources de la vie !









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