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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURCompréhension Il faut se rendre à l'évidence: le petit train a disparu. Les wagons bleus, rouges ou verts, le tender puis la locomotive se sont envolés les uns après les autres. Ce matin, le carton qui tient lieu de garage est vide. Anxieux, les enfants interrogent des yeux leur maîtresse, mais celle-ci, avec calme, et d'un ton tout naturel, répond «que le petit train reviendra certainement comme il est parti». Une fois seule, Mlle Laurent réfléchit longtemps; elle se sent troublée et inquiète, non de la disparition du petit train, mais de la façon dont elle agira pour le retrouver. Il faut avant tout, pense-t-elle, éviter les questions et les recherches bruyantes; il faut que tout se passe dans le silence et le secret. Voyons... Qui aimait le petit train? Tous les enfants, sans doute. Mais, qui l'aimait le mieux ? Assurément Emile, ce garçonnet pâle et sérieux qui a toujours la clé de son logement au fond de sa poche, car sa mère, veuve, qui travaille dans une usine, part avant lui et rentre le soir à six heures. Chaque matin il est là avant ses camarades et se glisse à la table de jeux pour avoir le train à lui tout seul pendant un moment. Tiens!... ce matin il est arrivé juste à l'heure... Se pourrait-il que... Après la fin de la classe, Mlle Laurent se dirige vers la maison d'Emile, une construction vieille et délabrée. Elle est sûre de trouver le petit garçon seul à ce moment. Elle frappe à la porte, entre et se trouve dans une cuisine triste et nue, mais très propre. Emile est là; il s'est retourné au bruit des pas et a pâli en reconnaissant sa maîtresse. Sur la table, le petit train aux vives couleurs paraît un objet de luxe. Un carton à souliers encoché aux deux bouts figure un tunnel. Mlle Laurent s'approche d'Emile, lui fait une caresse et lui dit: - Alors, Emile, le petit train est arrivé chez toi ! J'y ai pensé, car tu l'aimes beaucoup, n'est-ce-pas ? Mais, il ne peut rester ici, car tu sais qu'il appartient à tous les enfants. Il faudra qu'il rentre dans son garage. Nous ne dirons rien et tes amis auront une belle surprise. Pendant ce temps, Emile hoche la tête; tandis que deux larmes roulent sur ses joues, il murmure: - Je voulais le rapporter, c'était pour l'avoir un peu ici. Mlle Laurent jette les yeux sur un rayon où se trouvent les jouets d'Emile: une balle déteinte, un sac de billes et quelques minables objets. Quel trésor le petit train devait-il représenter pour cet enfant ! Quelques jours après, le train a réintégré son domicile, wagons, tender et locomotive sont revenus dans l'ordre où ils étaient partis. - Mais oui, dit Mlle Laurent, la locomotive a emmené ses wagons et son tender et les a ramenés; un train, c'est fait pour voyager! Où est-il allé? Nul ne le sait! Les suppositions les plus audacieuses se font jour: à Berne... ou chez les Indiens ! Il convient maintenant de surveiller un peu ce train vagabond. Ne serait-il pas bon de lui donner un gardien ? Emile peut-être, propose Mlle Laurent, Emile qui est si soigneux et qui arrive toujours à l'heure? Oui, on ne pourrait en trouver un meilleur. Et Emile, un peu de rose aux joues, commence immédiatement ses fonctions. Il époussette puis range avec amour wagons et locomotive dans leur carton et veille sur eux jusqu'à la dernière minute. Le petit train est en sûreté ! |
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