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Comme les femmes arabes...

Mme Marie-Louise Reymond notre romancière romande, étant venue faire une causerie au Lyceum de Genève sur son voyage au Kenya, nous lui en avons demandé quelques échos pour nos Entretiens:


Lors d'un récent voyage au Kenya, j'ai séjourné dans une île de l'Océan Indien au milieu de femmes mahométanes.

Je fus frappée par le fait que, même la plus pauvre savait réserver un instant dans sa journée pour se livrer à une occupation délassante et qui lui soit conforme: tissage d'une natte, confection d'une galette ornée de savants dessins, tressage d'un panier, invention d'un poème qu'on déclame à ses compagnes ou simplement une histoire racontée devant des yeux qui brillent... Bref, faire quelque chose qui lui plaise et soit désintéressé.

Je méditais là-dessus en songeant à nos existences surchargées et aux psychiatres qui cherchent à nous assurer un équilibre toujours chancelant parce que les multiples exigences de nos vies nous fatiguent la plupart du temps sans nous satisfaire. Quelques-unes de nous fuient cet état de choses en cherchant leur raison d'être hors du foyer dans une liaison ou un flirt ou encore dans l'étourdissement de plaisirs mondains; les autres, au contraire, demeurent écrasées sous leur tâche, plus ardue à mesure que la vie matérielle renchérit.

Le remède ne serait-il pas dans le retour à cette sagesse millénaire qui anime encore les peuples de là-bas et enseigne le néant des vaines agitations ?

Voilà, certes, l'impression la plus vive que j'ai remportée de mon passage en terre mahométane et ce souvenir ne me quitte plus. Car il faudrait être bien ingrat pour ne rien retirer d'un si lointain voyage.

Vous me direz qu'il est simple pour une femme de ne pas s'agiter lorsqu'elle est née dans un pays où la famille se nourrit d'une poignée de manioc, où tout l'habillement consiste en un drapé, le même depuis des siècles, où il n'y a pas à se préoccuper du chauffage et des habits d'hiver, etc. C'est vrai. Donc, impossible de les imiter à la lettre. Mais nous pouvons nous inspirer de ce dédain pour les inutiles complications, pour les modes qui passent, et ainsi retrouver quelques loisirs à consacrer à nos goûts personnels.

Un exemple: Voici une jeune femme dont le meilleur délassement était de peindre sur porcelaine; cela l'apaisait et la satisfaisait. Mais elle s'aperçoit que le «new-look» lance la ligne H qui demande une transformation complète de sa garde-robe. Impossible de continuer sa peinture! Et que porte-t-on? Elle est aux abois ! Plus de chemisier mais une sorte de veste-chemisier très ajustée et qui descendra jusqu'aux hanches, poitrine haut placée, empiècements sur la jupe, etc. ...

«Mes robes ne vont plus du tout, déplore-t-elle et que faire avec peu d'argent ? Courir les occasions, les soldes, mais que c'est fatigant !» Beaucoup d'énergie dépensée pour un bien mince résultat ! Et je pourrais citer d'autres exemples.

En somme, ce qui nous est demandé, c'est de sans cesse élaguer, trier, choisir. Notre échelle de valeurs doit intervenir au milieu des sollicitations de tous genres qui nous harcèlent. C'est à ce prix seulement que nous retrouverons la paix de l'âme et la possibilité de faire jaillir l'étincelle qui dort en chacune de nous: ce sera peut-être la joie de s'occuper de malades, de faire pousser quelques plantes, de s'adonner à un art quelconque, broderies, peinture, musique, de se dévouer à une oeuvre sociale, peu importe! Mais que nous ayons dans nos vies un tout petit domaine où nous puissions donner notre mesure, même très imparfaite, et aussitôt les complications de la vie moderne pâliront, prendront leur rang, très souvent, secondaire ou insignifiant.

Si j'ose nous exhorter à cette conquête, c'est que moi-même j'ai refoulé pendant des années mon goût de griffonner des petites histoires, voire des romans... Un jour, bien tard, je n'y ai plus tenu, et, chassant tous scrupules, j'ai essayé. Ce n'est pas aisé, mais l'équilibre s'établit dans la joie d'ordonner sa vie pour créer l'heure disponible. Et cela vaut la peine, croyez-moi !

Lorsque viendra le moment d'être grand-mère, belle-mère ou tante, le fait d'avoir un intérêt à soi nous empêchera d'intervenir dans les jeunes foyers, qui s'ouvriront d'autant mieux à nous que nous empiéterons moins sur leur vie.

Et ainsi nous pourrons avancer sereinement vers la fin terrestre en tâchant de nous inspirer de cette sentence arabe, pleine de sens:

«Souviens-toi que le jour de ta naissance tu étais dans les pleurs et ceux qui t'entouraient dans la joie. Vis de sorte que le jour de ta mort tu sois dans la joie et ceux qui t'entourent dans les pleurs.»

N'a-t-on pas accompli sa destinée humaine lors qu'on laisse un regret derrière soi ?









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