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Pourquoi un enfant ment-il ?

Dans une conférence donnée à l'Ecole des Parents de Genève sur l'enfant menteur, Mme Dr R. Voluter fait remarquer que si les parents comprennent encore que les enfants fassent des sottises ou soient désobéissants, ils n'admettent pas qu'ils mentent. Le menteur est grondé, dûment puni. Mais les punitions ne servent à rien, car elles s'attaquent au fait accompli, alors qu'il faudrait remonter à la cause et savoir ce qui pousse l'enfant à mentir.

Voici les principales causes de mensonge énumérées par Mme Voluter (dans les extraits qui suivent, il n'est question que de mensonges proprements dits, c'est-à-dire de ceux faits par des enfants assez grands pour distinguer le vrai du faux):


La principale cause que l'on retrouve dans les trois quarts des cas de mensonges, c'est la crainte. En premier lieu, la crainte de la punition. L'enfant fait une sottise, il sait par expérience qu'il sera grondé ou puni et il ment pour éviter la punition. Il a touché au pot de confiture, il a renversé un encrier ou cassé un vase: pour s'éviter une gronderie, il dira que ce n'est pas lui, qu'il ne sait pas, ou que c'est le petit frère. Ce genre de mensonge pourrait être assez facilement évité si on exigeait moins des enfants et si les parents pouvaient considérer objectivement les méfaits. L'enfant est constamment dérouté par l'attitude des parents et ne sait pas toujours s'il sera grondé ou non pour ce qu'il a fait. C'est pourquoi il dit parfois des mensonges qui semblent inutiles. Mais il faut dire que très souvent on le gronde inutilement. Par exemple, par maladresse, il cassera un objet de valeur; il sera grondé; mais si une visite vient et casse la même chose, on dira en souriant: «Cela ne fait rien». Il sera même plus grondé s'il casse un objet de grande valeur que si c'est un objet quelconque; mais lui, n'a aucune notion de la valeur des choses, c'est l'action qui compte. Les parents jugent d'après leur point de vue subjectif et ce point de vue n'est pas le sien. Il sait qu'il est grondé s'il est maladroit, mais il est aussi grondé s'il fait délibérément une sottise. Alors, pour se tirer de la difficulté, il dit un mensonge.

Il y a aussi la question épineuse des carnets scolaires. Combien d'enfants tremblent à l'idée des punitions qui vont s'abattre sur eux s'ils rapportent un mauvais carnet ! Cette crainte est parfois telle qu'ils inventeront les histoires les plus invraisemblables pour retarder le moment fatidique et iront jusqu'à imiter la signature des parents. Ou bien il y a l'enfant qui invente des histoires pour expliquer pourquoi il n'est pas rentré directement de l'école ! Plus il sera grondé, plus il inventera d'histoires et les enfants ne manquent pas d'imagination. Mais s'il ne rentre pas, c'est qu'il a une raison, peut-être un camarade auquel il a envie de parler, mais dont il ne veut pas parler à la maison, peut-être justement parce qu'il y tient beaucoup; ou il a envie de jouer avec des copains, ou bien il n'a pas envie de rentrer pour s'entendre gronder ou pour qu'on l'envoie tout de suite faire ses devoirs. Il faut qu'un enfant rentre, c'est entendu, mais peut-être, quelquefois, au lieu de gronder tout de suite, on pourrait s'informer pourquoi il n'est pas rentré, quelles étaient ses raisons.

Le sentiment d'infériorité est une cause de mensonge. L'enfant se sent très souvent en état d'infériorité, soit par rapport à ses parents, soit par rapport à ses frères et soeurs ou à des camarades. Il arrive qu'on le rabroue, qu'on le traite de «bon à rien»; alors, il racontera des histoires pour se valoriser à ses propres yeux, pour qu'on fasse attention à lui ou pour jouer un rôle.

Les enfants peu fortunés qui se sentent en infériorité par rapport aux autres, diront volontiers que leur papa vient d'acheter une très grosse auto ou qu'ils ont reçu des jouets extraordinaires, etc. Certains, pour se faire bien voir des grands de la classe, se vanteront d'exploits, tels que vol à une devanture de magasin. Parfois ces vantardises passent aux faits et il arrive que l'enfant prenne quelque chose. Là, il sera obligé de mentir à ses parents, pour cacher ce fait.

Lorsque la réalité est pénible, on essaye de s'en évader. Les enfants ont une très grande facilité pour cela; ils inventent un roman, le vivent fréquemment. Ils se créent d'autres parents beaucoup mieux que les leurs, qui ne les puniront jamais et qui sont immensément riches. Une jeune fille s'imaginera qu'elle est célèbre et qu'elle a beaucoup de succès. La plupart des enfants, à un moment donné, se créent une vie imaginaire dans laquelle ils se réfugient quand les choses ne vont pas comme ils le voudraient. Tant que cela n'empêche pas l'enfant d'exercer son travail à l'école, il n'y a pas lieu de s'en inquiéter. Mais si cela monopolise complètement son attention, si on le voit toute la journée rêver dans un coin, à ce moment-là, il faut s'en occuper et, éventuellement, le mener chez un spécialiste.

Parmi les autres causes de mensonge, nous trouvons la simulation. Il y a des enfants qui font semblant d'être malades pour qu'on s'occupe d'eux. La plupart d'entre eux remarquent que quand ils ont une petite maladie, la maman s'occupe d'eux plus que d'habitude. Ou bien, on fait semblant d'être malade pour de nouveau avoir l'amour de la maman s'il y a eu un nouveau bébé dans la famille, ou pour s'éviter un effort, pour esquiver une leçon ennuyeuse ou un examen d'école, une épreuve. Les enfants sont extrêmement habiles à simuler et on ne peut pas toujours savoir s'ils disent vrai ou non. Si un enfant dit qu'il est fatigué ou qu'il a mal à la tête, c'est difficile de savoir si c'est vrai. On peut résoudre la difficulté en lui disant que s'il est fatigué, il restera au lit le lendemain. En général, s'il y a quelque chose d'agréable en perspective, il sera vite guéri. Il faut tâcher de dépister ces petites simulations des enfants et savoir pourquoi ils les font. Ce n'est pas grave si c'est une fois par hasard, mais si cela devient une habitude, c'est qu'il y a une raison sérieuse là-dessous et il vaut mieux consulter un médecin. Cependant, il ne faut pas tout de suite accuser de mensonge, parce qu'on ne sait jamais si l'enfant n'a vraiment pas quelque chose, et si on l'accuse de mentir, ou bien ce sera injuste, ou la prochaine fois il s'arrangera à trouver quelque chose d'encore plus vraisemblable, et de tromper ses parents quand même.

Il y a aussi le mensonge d'indépendance, dans lequel l'enfant se défend contre l'intrusion des parents dans sa vie privée. On exige que les enfants soient un livre ouvert pour les parents, qu'ils disent tout ce qu'ils pensent, mais les parents ne leur rendent pas la pareille, ils cachent ce qu'ils pensent. Or, l'enfant a une grande pudeur de ses sentiments, il a peur d'être incompris s'il dit ce qu'il ressent et surtout au moment de la puberté et de l'adolescence. L'enfant, à cet âge-là, a des projets d'avenir, il est aux prises avec des quantités de problèmes qu'il doit résoudre en partie seul. S'il a confiance en ses parents, il leur demandera conseil, mais si on essaie d'exiger qu'il dise, non seulement tout ce qu'il fait, mais encore tout ce qu'il pense, il se renfermera et ne dira plus rien du tout. Il adoptera une attitude hostile.

D'autres enfants vous disent: mes parents «méritent qu'on leur mente; ils me défendent tout, alors je leur raconte une blague et puis ils sont contents». C'est qu'il y a aussi des adultes qui ne supportent pas la vérité; ils sont tellement imbus de leur prestige, ont un tel besoin de manifester leur autorité, qu'ils ne peuvent pas supporter la moindre manifestation d'indépendance de la part des enfants. Celui qui, à chaque repas, est interrogé sur son comportement à l'école, qui subit des scènes s'il dit avoir eu de mauvaises notes, finira par dire qu'il en a eu de bonnes. Si on exige des comptes serrés en ce qui concerne son argent de poche et qu'on le gronde s'il achète des bonbons, il dira qu'il a donné à la collecte de l'Ecole du dimanche ou à un mendiant. On a quelquefois l'impression que, pour certains enfants, le mensonge est le seul moyen qu'ils aient trouvé pour se libérer d'une contrainte étouffante et, pourtant, ce sont justement ces mensonges-là qu'il serait facile d'éviter.

Il y a aussi les mensonges de suggestibilité. Les enfants sont très facilement influencés. D'après la manière dont on les interroge, on peut leur faire dire ce que l'on veut. Ils sont très sensibles au ton qu'on emploie et essaient souvent de deviner ce que l'on veut qu'ils disent ou ce qui ferait plaisir aux parents. Si on insiste et qu'on leur dit: «Avoue que c'est toi» ! ils finiront par dire «oui». Si on les intimide, ils diront n'importe quoi et au besoin se contrediront. Les témoignages d'enfants, du moins dans les questions légales, sont des choses dont on ne peut tenir compte.

Il y a aussi le mensonge par solidarité. A l'école, on dira «non», même si on sait que c'est «oui», pour un autre camarade. D'autres enfants mentiront pour ne pas faire de peine à leurs parents. Il y a des mères qui disent à leur enfant: «Si tu continues comme cela, tu me feras mourir de chagrin». L'enfant pour éviter ces ennuis à sa mère, dira des mensonges.

Dans notre prochain numéro, nous aborderons la question de savoir comment éviter les mensonges.









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