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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLa faiblesse d'Éli Lire: 1 Sam 2. 4. Nous avons présente à l'esprit l'histoire de ce malheureux prêtre israélite qui, dans une seule journée, perdit ses deux fils tués dans une bataille et succomba lui-même à une chute terrible. Cette rare infortune ne fut pas accidentelle; la Bible nous le fait clairement entendre: elle fut un châtiment. Un châtiment ! Eli était-il donc un prêtre indigne et prévaricateur ? Avait-il trahi la cause de Dieu confiée à ses soins ? - Nullement. Eli était un prêtre irréprochable. A certains égards son caractère était digne d'admiration. Voyez, par exemple, sa conduite pleine de tendresse pour le jeune Samuel qu'il aurait pu de bonne heure considérer comme un rival ! Quant à sa piété, Eli savait discerner la voix de l'Eternel et savait aussi comment on lui répond (3, 8). Sa mort elle-même lui rend hommage: il paraît avoir succombé plutôt à la douleur que lui causa la perte de l'Arche qu'à celle que lui causa la mort de ses fils (4, 18). Chacun sait que le châtiment atteignit cet homme à cause de sa conduite à l'égard de ses enfants. - Quoi donc encore ? Les a-t-il élevés dans le mépris de la Loi de Dieu ? Est-ce lui qui leur a enseigné à dérober les victimes apportées sur l'autel ? Est-ce lui qui les a conduits dans leurs effoyables iniquités ? - En aucune manière. Le crime d'Eli a été d'avoir toléré, d'avoir laissé faire. Il a été un père faible: rien que cela, mais c'est pour cela que Dieu l'a puni. Encore faudrait-il remarquer, pour être juste, qu'il ne s'est pas tu absolument sur les honteux débordements de ses fils. Il a parlé, il a protesté, mais avec quelle déplorable faiblesse ! "Non, mes enfants, ce que j'entends dire n'est pas bon; vous faites pécher le peuple de l'Eternel". Chaque mot est une abdication de l'autorité paternelle. Ce que j'entends dire: on dirait qu'il craint de faire une enquête personnelle ! n'est pas bon : il s'agit de sacrilèges et de forfaits ! Vous faites pécher le peuple de l'Eternel: malheureux ! et l'âme de tes enfants ? Je conviens qu'il ne devait pas être aisé de parler à des malfaiteurs de cette trempe. Bien des parents s'écrient en parlant de leurs enfants: "Que voulez-vous? avec eux, reproches, menaces, supplications, tout est inutile ! Leur coeur est insensible ! A quoi bon les gronder ?" C'est vrai. Mais comme pour Hophni et Phinées, le mal date de loin. L'endurcissement est réel aujourd'hui, mais il est le fruit d'une longue éducation antérieure. Il y avait un temps où Eli aurait pu parler librement à ses fils... Il ne l'a pas fait. Je reconnais qu'il est maintenant un peu tard. Un parti demeurait pourtant: celui de protester avec indignation, de venger la Loi de Dieu outragée et de fermer à ces fils dénaturés les portes du sanctuaire de Silo! ... Qui sait ? cette action énergique aurait peut-être amené les deux misérables à la honte et au repentir ! La faiblesse des parents se manifeste de bien des manières. On tolère les petits péchés de ses enfants. On laisse passer les petits mensonges. On ferme les yeux aux petites vanités. On sourit à certaines malices. On trouve mille prétextes de ne pas sévir. Ou s'ingénie à rendre le devoir facile en supprimant par de maternelles habiletés la première amertume de l'obéissance: l'enfant grandit incapable d'efforts sérieux; on néglige de développer chez lui l'être moral qui ne se fortifie de jour en jour qu'à travers les rudes combats. - Plus tard, on craindra de parler à son garçon, en tête à tête, en appelant le mal par son nom ! - Plus tard encore, on laissera lire le livre dangereux, on n'osera pas défendre les plaisirs meurtriers ! - Et l'on s'étonne que cela aboutisse à de piteux résultats! Le danger d'être faible est d'autant plus grand qu'il n'y a guère de défauts qui ressemble plus à une vertu. Là où vous réclamerez la répréhension énergique, la discipline austère, la juste condamnation, on vous parlera de la dignité de l'enfant, du devoir de le bien comprendre, de miséricorde et de patience! Bref, vous en père et mère excuser leur faiblesse au nom de la foi, de l'espérance et de la charité ! Pour mettre le pied sur le roc éternel, les parents iront au verset 29 du chapitre 2. Ils y trouveront, révélé par Dieu lui-même, le secret de la faiblesse d'Eli. Ce prêtre, sous les dehors d'un service irréprochable, sacrifiait à deux idoles: il honorait ses fils plus que Dieu. Rechercher la gloire de ses enfants plus que la gloire de Dieu, voilà ce qui explique chez nous, parents, les tristes abdications. On dit souvent: il n'y a de pires enfants que les enfants des hommes de Dieu. C'est souvent la vérité. Cela était déjà vrai, on le voit, au temps de Samuel. La faute en est à ces hommes de Dieu, à ces parents d'une incontestable religion: ils servent Dieu dans la vie publique; dans la vie domestique, ils recherchent ou ménagent la gloire de leurs enfants. Fidèles à ce sentiment intime, ils éviteront les humiliations salutaires, les franches dénonciacions... Ou bien ils nourriront à leur égard de vastes projets. Ils auront pour suprême ambition de leur faire une large place au soleil, une position avantageuse dans le monde, une brillante carrière, ou de les conduire à un brillant mariage. Avec de telles ambitions au coeur, un père et une mère ne peuvent éviter de pactiser tôt ou tard avec le péché de leurs enfants. - A Dieu seul appartient la gloire ! La gloire de nos enfants ne peut être qu'un reflet de la gloire de Dieu. Un dernier mot. Le châtiment d'Eli a été terrible. Eli était prêtre: c'était son privilège et c'était sa responsabilité. Noblesse oblige. Dieu exige beaucoup de ceux auxquels Il a beaucoup confié. - Parents chrétiens, nous aussi nous sommes "prêtres et sacrificateurs". C'est notre responsabilité: Dieu attend de nos enfants une vie extraordinaire. Mais c'est aussi notre privilège: nous vivons devant l'autel, près du trône de la grâce, au pied de la Croix rédemptrice. Associons nos enfants à notre sacrificature royale. Entrons fréquemment avec eux dans le sanctuaire; voyons comment ils y adorent et disons-leur, dans un recueillement sacré, l'horreur du péché, la sainteté des lois divines, la sublime mission de l'homme ici-bas. "Venez mes fils, écoutez-moi je vous enseignerai la crainte de l'Eternel". Ps. 34: 12. |
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