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Fautes et Erreurs

Il se commet en éducation un assez grand nombre de fautes que l'on voit se reproduire de génération en génération dans toutes les classes de la société. Nous en sommes si souvent témoins ou nous les commettons nous-mêmes si souvent que nous n'en sentons pas toute la portée. Pour les éviter il sera bon de méditer et de mettre en pratique les conseils suivants:

I. Ne parlez pas des enfants en leur présence. Parce que les enfants ne se mêlent pas à la conversation, nous sommes toujours disposés à croire qu'ils ne comprennent pas ce que nous disons entre nous; mais l'enfant comprend une langue longtemps avant de pouvoir s'en servir. Par exemple voici un petit enfant qui ne sait pas encore dire deux mots de suite; vous lui donnez un journal en lui disant de le déposer sur une chaise à l'autre bout de la chambre; l'enfant accomplit à la lettre tout ce que vous lui avez ordonné. Cependant vous entendez souvent des parents rapporter devant un enfant de trois à quatre ans, tout ce qu'il a dit et fait; on parle même en riant de ses actes de désobéissance. L'entretien suivant eut lieu entre une mère qui avait auprès d'elle un enfant de trois ans, et une personne qui venait lui rendre visite: - "Comment va le petit Charles ? " - "Oh! très bien, dit la mère, mais ajouta-t-elle en riant; c'est le plus méchant petit diable qu'il soit possible de voir: on ne peut rien en faire." - "Cependant il n'en a pas l'air." - "Non, c'est vrai, continua la mère en souriant ; mais il est si espiègle qu' on ne peut pas en venir à bout. Il sait qu'il ne doit pas toucher les pincettes, et au moment où vous arriviez il les tenait et me regardait en face. Je lui dis de les poser, et, au lieu de m'obéir, il les prend des deux mains et rit de tout son coeur. Je crois qu'il ne fait cela que pour me tourmenter. Je vous assure que c'est un vrai petit démon."

Nous rapportons cet insignifiant entretien pour montrer combien les mères devraient être prudentes; car, sans parler de cette flagrante désobéissance autorisée par la mère, quelle funeste impression dut faire sur l'esprit de l'enfant cette manière de raconter ses fautes et d'en rire ! Il était sans doute le plus intéressé des trois à la conversation, et recevait là une leçon d'indocilité qu'il ne devait pas oublier de longtemps.

Les enfants emploient mainte petite ruse dont les parents ne font que rire parce qu'à leurs yeux ce sont autant de preuves d'esprit; ils devraient au contraire les réprouver. Il y a aussi certains témoignages d'affection, certaines preuves d'intelligence qui venant d'un enfant sont accueillies partout avec bonheur. Les parents se plairont à en parler; mais s'ils en parlent en présence de l'enfant, son petit coeur se gonfle de vanité....

En flattant sans cesse les enfants on ne songe pas qu'on leur donne un poison qu'ils boivent avec avidité. Veillons donc à ne rien dire en leur présence qui puisse exciter en eux un mouvement de vanité; ne leur donnons jamais à entendre qu'ils font des choses remarquables et qu'ils sont supérieurs aux autres enfants.

Mais si les parents parviennent à mettre toute la réserve nécessaire dans leurs entretiens, il est difficile d'astreindre les autres aux mêmes ménagements; il faut pourtant y mettre ses soins. Un grand nombre de personnes ont l'habitude de complimenter les enfants; elles oublient l'effet pernicieux qu'elles produisent sur ces jeunes âmes, pour ne songer qu'au plaisir qu'elles font aux parents. Les beaux enfants surtout sont exposés à ce danger. Que de fois n'en a-t-on pas rencontrés qui étaient d'un extérieur agréable et qui avaient Ie caractère gâté. C'est un devoir cependant d'encourager les enfants quand ils font bien, de même qu'on leur adresse des reproches quand ils font mal; mais il faut user des plus grandes précautions pour ne pas détruire en eux l'un des plus beaux traits de caractère, la modestie.

II. Ne faites jamais parade des talents de vos enfants. C'est une passion très répandue et difficile à vaincre. Les parents aiment à montrer leurs enfants, à leur faire exhiber tout ce qu'ils savent; les enfants obéissent, on applaudit; mais pense-t-on qu'après cela ils puissent avoir une juste opinion d'eux-mêmes ? Il faut reconnaître cependant que pour certains enfants le danger est moins grand que pour d'autres. Il y en a qui ont besoin d'être encouragés, d'autres, au contraire, qu'il faut sans cesse retenir. Qui n'a pas observé les mille petites ruses qu'un enfant emploie pour attirer l'attention ? Qui n'a pas vu quelques-uns de ces petits êtres vaniteux prendre un livre, baisser la tête et jeter de temps à autre un furtif coup d'oeil sur l'étranger qui se trouve à la maison, pour voir si on remarque leur assiduité au travail ? Croit-on que l'on puisse les mettre raisonnablement en scène devant des personnes qui se trouvent là en visite? Mais il y a des enfants modestes pour lesquels ce sera un avantage de répéter une poésie, un cantique ou quelque chose de semblable devant un ami judicieux.

Il y a deux extrêmes qu'il est également nécessaire d'éviter: c'est de reléguer tout à fait les enfants hors de la société, ou de les rendre importuns par leur présence continuelle et leur continuel babil. Si nous les regardons comme un objet d'ennui, comme un inconvénient au milieu de nos heures de distraction; si nous les renvoyons dans une autre chambre à l'instant ou quelques amis viennent passer la soirée avec nous, comment pouvons-nous espérer qu'ils se familiariseront avec les usages du monde ?

Il faut qu'ils prêtent l'oreille à la conversation, qu'ils observent les manières des adultes pour former leur esprit et prendre de bonnes habitudes, car ils apprennent mieux par l'exemple que par les préceptes. Mais, pour obtenir ce résultat, il faut absolument que les enfants soient disciplinés, car, on ne peut espérer les voir se bien conduire quand il y a du monde à la maison, si dans les autres circonstances on les abandonne à leur fantaisie.

Bien des parents comprennent qu'il serait très important pour leurs enfants de voir une bonne société; mais comme ils ne savent pas les gouverner sagement, ils les rendent importuns pour les visiteurs et les empêchent de profiter de ces sortes de réunions. Je me figure une de ces scènes comme il en arrive fréquemment dans l'intérieur d'une famille. A peine le visiteur est-il assis, que voici venir les enfants qui grimpent sur sa chaise ou crient autour de lui: la mère tire la robe de l'un, fait des reproches à l'autre. L'étranger, fatigué de ce bruit, essaie en vain d'engager la conversation: toute l'attention des parents est absorbée par le tapage qui les entoure, et le visiteur est heureux de saisir la première occasion qui se présente pour s'échapper.

Il y a des parents qui, pour éviter cet inconvénient, renvoient les enfants dès qu'il leur arrive une visite. C'est une erreur qu'ils regretteront peut-être plus tard. Si les enfants sont bannis de la société, ils risquent de rester grossiers et ignorants. Il vaut bien mieux les amener au milieu d'un cercle d'amis, pourvu qu'on leur enseigne à s'y bien comporter, à s'asseoir en silence et à écouter. Qu'ils ne parlent que quand on leur adresse la parole, et que surtout on ne cherche pas à attirer sur eux l'attention des autres, à montrer leurs qualités et à leur faire obtenir des éloges. (A suivre).









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