ARCHIVES
(2000)
La
fête des mères
Assise en ce jour de pluie au coin du feu, mon amie raconte:
« Mon père qui était jardinier dun
hôpital de campagne disait toujours au début du printemps:
- Avant la fête des mères ne jamais sortir les géraniums!
Pour nous, ses quatre enfants, la fête des mères était
un souci dun autre ordre. On cherchait dans les magasins longtemps
à lavance un cadeau digne de lamour que nous
portions à notre mère. Malgré le peu de magasins
à lépoque, à force de chercher on trouvait
toujours quelque chose à offrir. Je me souviens dun
petit bol en verre rose que nous avions dû réserver
en attendant de gagner les sous pour lacheter vraiment.
Alors commençait la grande aventure... dès quil
pleuvait, équipés de nos bottes, nous partions à
la recherche... des escargots!
Il fallait trouver des boîtes avec couvercle que nous remplissions
de ces bestioles vivantes. Souvent elles ressortaient et il fallait
les remettre dedans. Que de rires! Puis on les pesait. Mais où
trouver la vieille balance employée lannée dernière?
Quand on en avait assez, mes frères et moi partions, tirant
derrière nous notre petit char, au pied du Jura où
nous connaissions un monsieur qui nous les achetait pour quelques
sous. Nous étions fiers, mais fiers quand nous allions payer
notre cadeau que la vendeuse emballait dans un beau papier! Et que
dire du bonheur de donner, le grand jour venu, notre cadeau qui
représentait tant dattente, tant dheures, tant
dexcitation, tant damusement aussi, je nose pas
dire de travail...
Maintenant que je suis grand-mère, ce souvenir mémeut...
le jour de la fête des mères certains de mes enfants
y pensent, dautres pas. Pour sexcuser, ils disent:
- Cest une fête inventée par les fleuristes et
notre société de consommation.
Moi, au fond cela mest égal. Je me suis fait depuis
longtemps une raison. Tout change. Mes enfants maiment, et
je le sais...
Aujourdhui, cest la fête des mères. Il
y a plein descargots partout. Cest pour cela que je
te raconte cette histoire. »
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