ARCHIVES (2000)

Entre donner et se sacrifier,
trouver le bon équilibre


Il arrive que certaines personnes donnent tellement pour une cause, pour un groupe, qu’elles en deviennent aigries. Souvent de mauvaise humeur, elles ne se gênent pas de faire ressentir aux autres qu’ils devraient en faire au moins autant qu’elles. N’auraient-elles pas dû savoir s’arrêter avant et ne rendent-elles pas ainsi une partie de leurs bons services inutiles?

Savoir dire non. Thème récurrent dans bien des situations. Savoir se rendre compte que là, on en fait trop, qu’on s’approche du sacrifice et que ce ne sera bon pour personne. Qu’on ne le fait plus par choix, mais par esprit de sacrifice, par peur de dire non, par peur du conflit, par peur de reconnaître ses limites.

Bref, des sentiments qui m’habitent souvent au quotidien dans mes relations avec mes enfants.
Se sacrifier pour eux. Quel danger! Que c’est important de poser régulièrement sur une balance imaginaire ce qu’ils nous apportent de plaisir, de chaleur, de bonheur face à ce que nous faisons pour eux: les câlins, les consolations, les brimades, les jeux, les discussions, les devoirs, les excursions, bref l’éducation... Je sens aussi qu’il est bon d'évaluer régulièrement la quantité de temps que je souhaite leur consacrer. Je me rends compte qu’à cause d’eux, je dois renoncer à certaines activités. Mais je ne le regrette pas (trop) car l’éducation des enfants est pour moi importante et c’est, somme toute, une histoire de quelques années seulement. Plus tard, peut-être...

Je ne prends pas toujours le temps de sortir cette balance imaginaire. Dommage, car il m’arrive parfois d’en faire trop. Je sens que ce petit « trop » s’accroche discrètement au travers de ma gorge et qu’un jour, forcément, il ressortira par ces mots: « avec tout ce que j’ai fait pour vous »... Mais peut-être qu’ils ne m’en demandaient pas autant et si oui, c’était à moi de dire non.

Et quand c’est trop tard, d’un coup, pour rien, je crie, je m’énerve, je gronde.
Ces débordements sont aussi liés à la fatigue. Mes enfants commencent à me connaître. Le lendemain d’une de ces fameuses journées, je leur avoue que je m’étais un peu trop énervée car j’avais mal dormi. Mes enfants me répondent en choeur et en rigolant « On s’était rendu compte. Quand tu t’énerves pour des choses qui ne nous semblent pas graves, on sait que tu es fatiguée... ».
Bien, tant mieux, ils relativisent, mais je devrais quand même mieux sentir quand le vase va déborder et savoir demander du soutien à mon mari, déléguer, ou m’offrir un peu de temps, en les laissant se débrouiller seuls sans vouloir toujours bien faire.

Julie

P.S.: Petit exercice bête et pratique:
Le problème: Vous êtes à table avec votre conjoint(e) ou une autre personne avec qui vous partagez votre repas quasi quotidiennement. Vous avez préparé deux belles tranches de viande, mais l’une est plus grosse que l’autre. Si vous vous servez en premier, laquelle prenez-vous? Disons que vous choisissez la plus petite, car somme toute, vous êtes bien élevé(e). Imaginons que cette scène se passe tous les jours pendant un mois. Allez-vous toujours choisir la plus petite? Si oui, vous sentirez-vous toujours bien? Non? Alors à qui en voudrez-vous? A l’autre, à vous?
Mon mari avait remarqué cette tendance chez moi et il me forçait souvent à choisir le bon morceau. Et bien, c’était dur. J’ai dû me faire violence mais figurez-vous que j’y suis arrivée! Et depuis c’est la libération! Certains jours, je me prends le meilleur à table si j’en ai envie. Si c’est l’autre qui le prend, pas de problème. Je sais que je suis capable un autre jour de le prendre. Et offrir le meilleur devient un plaisir, une envie et non plus une obligation.

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