ARCHIVES
(2002)
Sens
unique ou sans issue?
Mon fils est triste. Il a passé une journée difficile,
dont il me fait le récit par le menu, quand tout à
coup la question surgit: « Maman, ça sert à
quoi de vivre? ».
Jarrête de ranger la cuisine, car la question me surprend,
minquiète... Jaurais pourtant parié que
les petits garçons de son âge ne connaissaient pas
encore ce genre dinterrogations existentielles.
Que répondre à mon philosophe en herbe?
Lucide, je commence par mavouer intérieurement que
la vie est un vaste non-sens, qui reste tout de même bien
agréable à vivre par moments. Le sens de la vie serait-il
la recherche du bonheur, de lamour, du plaisir? La collection
de ces instants parfaits, qui filent beaucoup trop vite et ne nous
laissent quune envie - les retrouver?
La vie est parfois dure, la vie est parfois belle, mon fils.
La vie est un inexorable rétrécissement des possibles,
mais peut-être aussi un chemin vers lessentiel.
La vie est une partie perdue davance, mais il est noble et
courageux de continuer à jouer.
Je mefforce de partager avec sincérité ces réflexions
avec mon petit garçon déjà bien grand dans
sa tête. Je ne prétends pas avoir trouvé une
réponse à sa question, ô combien légitime.
En revanche, il me paraît primordial de lui apprendre quil
nest de loin pas le seul à sinterroger sur le
sens de lexistence, quà tous les âges ces
questions restent essentielles, même si, selon les moments,
elles prennent pour tout être humain plus ou moins dacuité.
Comment saccrocher, lorsque tout semble futile, inutile, dérisoire?
Rester réceptif, garder intacte sa capacité démerveillement
devant ce que la vie offre, sen faire un réservoir
de bonheur qui permet de tenir quand les « à quoi
bon? » prennent le dessus.
Je réfléchis toujours. Cela fait longtemps que mon
fils est reparti jouer dans le jardin. Jentends les éclats
de rire de mes enfants.
La vie est résolument formidable.
Retour
au menu "sommaire 2002"
|