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(2002)
Des
paroles qui tombent dans le vide
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Viens ici! Ne va pas là! Descends du mur! Ne touche pas cet
outil, tu vas te blesser! Rends son ballon à la petite fille,
tu sais bien qu’il n’est pas à toi! Si tu continues,
on va rentrer à la maison.
Assise sur le banc du jardin public, elle se sent complètement
démoralisée. Elle a beau intervenir toutes les deux
minutes, rien ne change. Elle a tout essayé: recommander,
prévenir, menacer, interdire. Pas de résultat. Xavier
est de jour en jour plus désobéissant.
Pourtant, quelle peine elle se donne! Elle consacre tous les après-midi
à son fils, afin qu’il ne pâtisse pas du fait
qu’elle le quitte le matin pour aller travailler.
Dès qu’elle le retrouve, elle lui consacre tout son
temps, tout son amour, toute son énergie. Elle ne le quitte
pas des yeux, commente chacun de ses gestes, lui dit tout ce qu’elle
pense au fur et à mesure. Et ça l’épuise.
Lui aussi d’ailleurs. Il n’en peut plus. Ce déluge
de paroles l’accable. Le seul truc qu’il ait trouvé,
c’est de se boucher les oreilles, ne tenir aucun compte de
ce qu’il entend. C’est d’autant plus facile que,
en définitive, il a remarqué que jamais aucune interdiction
ou menace n’est suivie d’exécution. Alors!
Le fils comme la mère auraient grand besoin de pouvoir souffler
à leur aise. Lui, afin de tenter librement les expériences
qui constituent une part importante de l’apprentissage de la
vie (quitte à encaisser un certain nombre de conséquences
fâcheuses). Elle, afin de pouvoir se reposer l’âme
et le corps quand elle est assise sur son banc.
Faire confiance, c’est tellement plus bénéfique
que de s’angoisser pour tout et pour rien!
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