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(2002)
Pot
ou pas?
Pour
les occidentaux que nous sommes, il est intéressant de constater
que dans de nombreux autres pays, les phénomènes de
dépression nerveuse ou de crise dadolescence sont totalement
inconnus. Dans ces mêmes pays, en général, lexistence
des couches jetables est aussi largement ignorée.
Parallèlement, dans nos contrées nanties, le discours
ambiant considère la révolte des ados comme un passage
obligé et salutaire et le port des couches-culottes jusquà
lâge de deux ans et au-delà comme parfaitement
normal et même souhaitable. Les bambins, nous dit-on de façon
catégorique, seraient physiologiquement incapables de contrôler
leurs sphincters avant davoir complètement maîtrisé
le processus de la marche. Mettre les bébés sur le
pot avant lâge de deux ans serait donc inutile et même
carrément nuisible, risquerait de traumatiser nos enfants,
ou pour le moins, de les rendre constipés à vie.
Sans avoir la prétention dempiéter sur le domaine
des pédiatres et autres spécialistes compétents
en la matière, je me permets néanmoins, sur la base
de mon expérience personnelle de maman et de mes observations,
de mettre en doute leurs affirmations. Jen veux pour preuve
le fait que les enfants vivant dans des contrées où
les couches modernes nexistent pas ou coûtent « la
peau des fesses », deviennent « propres »
bien avant lâge charnière des deux ans, sans
être perturbés pour autant, tandis que dans les pays
dits développés, on voit de plus en plus de gamins
franchir le seuil de la « petite école »
en étant encore langés.
Cette situation est due, me semble-t-il, à des facteurs dordre
mercantile, ayant trait aux objectifs des producteurs de couches-culottes
ou pratique - touchant au confort des consommateurs. Les premiers
ont tout intérêt à promouvoir lidée
quil faut au minimum deux ans au petit être humain pour
commencer à se séparer de ses déchets corporels
de la façon prévue à cet effet par la société
où il vit. Pour les parents, il leur suffit de se laisser
séduire par la commodité des couches à usage
unique, pour reporter indéfiniment linitiation au pot
et aux lieux daisance.
Les principaux intéressés, quant à eux, sont
empaquetés dès la naissance et habitués à
faire leurs besoins sur eux, dans nimporte quelle position,
et à macérer gentiment dans des compresses de pipi-caca,
par ailleurs fort pratiques pour lentourage. Cette habitude
est solidement ancrée pendant des années et, un beau
jour, on décide quil faut en finir tout de même
avec les couches, on se met à exiger des petits quils
fassent tout autrement, et on simpatiente fort vite devant
leur réticence et leur maladresse à sexécuter.
Les parents, pour qui « lapprentissage du pot »
est à lordre du jour, pourraient sinspirer de
la vaste expérience de millions dautres parents sur
terre dans ce domaine, qui démontre quun enfant peut
très bien commencer lacquisition de la propreté
bien avant davoir soufflé ses deux bougies.
Finalement, toute cette problématique nest peut-être
pas quune simple question dhygiène: il en va
certainement aussi du respect que lon peut avoir pour la personne
de lenfant que de lui indiquer suffisamment tôt la voie
vers la propreté de son corps.
Lecture
conseillée: « Bébés du monde »
de Béatrice Fontanel et Claire dHarcourt, éd.
de la Martinière. (ouvrage magnifiquement illustré
sur les mille manières daccueillir et délever
les petits dhomme aux quatre coins de la planète, qui
traite entre autres sujets, de celui de la propreté).
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