ARCHIVES (2002)

Expression libre

Les idées très simples peuvent se révéler précieuses. Ainsi, au gré de mes lectures, je suis tombée sur un petit conseil, qui, l’air de rien, a provoqué chez moi une véritable prise de conscience.
Selon ce conseil, il convient d’accorder à chacun de nos enfants cinq minutes par jour, durant lesquelles l’on se contente d’être simplement disponible, sans poser de questions, sans donner d’instructions, sans féliciter ni faire de reproches. Bref, créer les conditions d’écoute favorable à ce qu’un éventuel dialogue se noue sur l’initiative de l’enfant, sans être téléguidé ou étouffé par l’intervention parentale.
Bon sang, mais bien sûr, me suis-je dit! Cinq minutes par enfant, c’est facilement réalisable même pour la maman surchargée que je suis. Objectivement, moi, qui crois consacrer bien plus que ce modeste quota quotidien à ma progéniture, je suis forcée de constater que trop souvent l’espace verbal de ma famille est saturé par des injonctions passionnantes du style: « lave-toi les mains, range tes pantoufles, sois gentil avec ta soeur! » ou par de véritables interrogatoires: « Est-ce que les devoirs sont faits? Qui n’a pas rangé sa chambre? Comment s’est passé le basket? ».
Dans ce contexte encombré, pas étonnant qu’à mes multiples questions sur le déroulement de sa journée, mon fils pré-ado n’oppose systématiquement qu’un laconique « Rien de spécial ».
Pourtant, maintenir un vrai dialogue avec ses enfants est primordial, surtout à l’adolescence. Alors, je décide d’essayer illico « le plan cinq minutes » avec l’aîné. Ne plus le presser de questions, mais lui dédier quelques minutes, sans l’envahir, sans provoquer d’échange ni dicter son sujet.
Je me fais la moins directive possible et... ça marche! On aurait dit mon enfant muni de « senseurs de disponibilité maternelle »! Je reçois pour la première fois une confidence côté coeur de la part de celui qui hier encore prétendait que « les filles, c’est nul ». Je recueille son petit secret sans commentaires, comme un véritable trésor...
Ce soir, je sors de la chambre de mon fils sans savoir s’il a fait ses devoirs, s’il s’est correctement lavé les dents et s’il a une interro d’histoire demain, mais je sais une chose bien plus importante: entre nous, le courant passe.

Diana

Retour au menu "sommaire 2002"

 

 

 

  Informations :
info@entretiens.ch
  Réalisation du site:
NetOpera/PhotOpera
 

© Entretiens sur
l'Education, 2000

Accueil Articles Archives Abonnements Adresses Le journal Articles récents