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Garde alternée

Sujet controversé s’il en est, la garde alternée est adoptée par certains parents venus à l’Office protestant de consultations conjugales et familiales* depuis que le nouveau droit du divorce entré en vigueur le 1er janvier 2000 en admet la possibilité. La garde alternée consiste à faire résider l’enfant alternativement chez la mère et chez le père dans une mesure plus ou moins égale. Son admissibilité par le juge doit être appréciée sous l’angle du bien de l’enfant et dépend essentiellement du cas particulier.
Ses détracteurs lui reprochent le manque de stabilité et les complications organisationnelles qu’elle entraîne pour l’enfant. Pour ses partisans, elle offre au contraire la meilleure garantie que l’enfant conserve des relations privilégiées avec ses deux parents.

S’attarder exclusivement sur le principe de la garde alternée en tant que tel ne résout rien. Examinons plutôt les éléments à prendre en considération au niveau des aptitudes parentales, des enfants et des contingences de fait.

La garde alternée présuppose de la part des parents une maturité suffisante pour placer le bien de l’enfant au-dessus des conflits d’intérêts qui leur sont propres. Tel ne serait pas le cas des parents qui, dans un souci égalitariste, feraient un décompte précis du temps de présence avec l’enfant, en étant plus mobilisés par la crainte de concéder un avantage à l’autre parent que par l’intérêt de l’enfant.
En vertu du principe de l’unicité du domicile sur le plan juridique, les parents devront se mettre d’accord sur le domicile légal de l’enfant chez l’un des deux parents. Si les parents ne peuvent pas s’entendre à ce sujet, il y a tout lieu de supposer que la garde alternée obéit à d’autres considérations que le bien de l’enfant. L’enfant ne saurait être un enjeu dans des conflits non résolus des parents.

La garde alternée implique que les parents doivent s’entendre et être capables de maintenir un dialogue constant entre eux par rapport à l’éducation de l’enfant. Elle nécessite de bonnes capacités d’organisation, une planification, de la souplesse ainsi qu’une bonne disponibilité des deux parents. De plus en plus de parents consacrent chacun autant de temps à l’éducation de l’enfant, allant parfois jusqu’à occuper des emplois à temps partiel pour ce faire. La garde alternée apparaît alors comme une évolution logique du mode de fonctionnement que les parents avaient mis en place pendant la vie commune.
La garde alternée pourrait aussi constituer un garde-fou au surinvestissement abusif de l’enfant utilisé par un des parents en remplacement du conjoint séparé.

Cette forme d’accueil convient aux plus jeunes enfants; elle leur permet de s’imprégner de l’un et l’autre des parents et de s’insérer dans leur double filiation. Encore faut-il que les parents habitent dans un environnement suffisamment proche. La scolarisation en un même lieu, et la proximité pour l’enfant des copains et de son environnement familier, sont essentielles. Lorsque les enfants sont dans le secondaire, cela suppose une grande organisation, car les enfants ont besoin d’avoir leurs livres et leur matériel. Ils ne peuvent pas tout transporter tout le temps. La situation financière des parents peut également jouer un rôle, car cela nécessite souvent d’avoir des affaires à double et des logements offrant des conditions de vie cohérentes pour l’enfant.
Les nombreux couples venus consulter à l’Office nous confirment bien que chaque cas doit être appréhendé dans toutes ses particularités. A condition que les parents prennent en compte tous les éléments pour le bien de l’enfant, la garde alternée est susceptible de constituer une organisation valable pour toute la famille.

Francine Courvoisier

A paru dans « La Vie protestante » No 1/2002
*Rue de la Madeleine 10, 1204 Genève, tél. 022 311 82 11

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