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Pocahontas,
ma soeur
« Tu sais, Maman, je me fais beaucoup de souci pour les
indiens... » Mon grand bonhomme de cinq ans est au bord
des larmes.
Pourtant, depuis un moment, il jouait dans la chambre, en écoutant
tranquillement un CD. Un CD dans lequel Jean Reno conte l’histoire
du film de Pocahontas, où l’indienne a la voix de Mathilda
May et « Grand-mère feuillage » celle
d’Annie Cordy. Bref, une petite merveille auditive.
Dans un premier temps, nous avons préservé notre fils
de la domination américaine en matière d’animations
enfantines. Bien que la confrontation fût inéluctable,
nous avons décidé de la retarder en sélectionnant
avec soin les premières cassettes audio et vidéo.
Oui-Oui, Nounours, Babar et, bien sûr, les incontournables
Télétubies, firent partie des expériences télévisuelles
originelles. Le calme et la douceur, qualités bienvenues
pour les tout-petits, prévalaient dans ces réalisations.
Par la suite, comme pour les films de fiction, nous avons choisi
l’ordre dans lequel les dessins animés de Walt Disney
sont arrivés dans sa vie. Pour commencer, Tigrou, Alice au
pays des Merveilles et Pinocchio. Le plus apprécié,
particulièrement parodié dans d’interminables
jeux de rôles, fut bien évidemment Peter Pan et son
horrible Capitaine Crochet, encore activement regardé aujourd’hui.
Finalement est venu le temps de Pocahontas. Après la première
vision de ce film, de nombreuses interrogations sont survenues dans
l’esprit de notre petit garçon. « Pourquoi
tuer les indiens? Est-ce qu’ils sont tous morts? Où
vivent-ils maintenant? »
Courageusement, nos réponses se devant d’être
réalistes et concrètes, nous avons tenté d’expliquer
de manière accessible, le génocide des indiens par
les pionniers, en Amérique Latine et, plus au nord, dans
les actuels Etat-Unis.
Les mots d’enfants n’existent pas pour raconter le pillage
des richesses, les morts et le parcage des descendants déportés.
Et la notion du temps est abstraite pour les plus jeunes. Aujourd’hui,
nombre de personnes ont oublié et n’y pensent plus,
d’autres choses détestables se passant dans le monde.
Mon fils, comment te parler de l’esclavagisme, des colonies,
de ce que l’on appelle encore aujourd’hui Tiers-monde?
Comment expliquer la Palestine? Les camps de réfugiés
disséminés dans le monde entier? Le manque de nourriture,
d’eau potable et les surplus alimentaires occidentaux?
Nous-mêmes sous le choc de l’Histoire passée et,
surtout, actuelle, comment expliquer l’inexplicable, l’inqualifiable,
l’inimaginable? Comment légitimer et détailler
aux enfants la terrifiante réalité de notre société?
« Arrêtez le monde, je veux descendre. »
Ne plus regarder la télévision. Ne plus lire le journal.
Ne plus écouter la radio. Ne plus essayer de comprendre.
Agir. Sauver la terre des méchants. AGIR!
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