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ARCHIVES
(1993)
Hommage
à Monique Lechner
Trente ans de fidélité
Trente ans : quel bail ! Et sans manquer une seule séance
de comité, sans prendre un congé de maladie. Presque
sans repos ni loisir.
C’est ainsi que la secrétaire administrative des «Entretiens
sur l’éducation» a conçu son activité.
Du 1er janvier au 31 décembre, pendant toutes ces années,
elle n’a jamais perdu de vue aucun de nos 3.000 abonnés.
Elle avait leurs nom et adresse constamment dans la tête.
Elle connaissait leurs caractéristiques et leurs habitudes.
Elle savait tout, tout, tout.
Douée d’une mémoire vivante infaillible, ignorant
les mystères de l’ordinateur, elle était incapable
d’oubli ou de négligence.
La tâche qu’elle avait acceptée, elle l’a
accomplie avec une conscience professionnelle exemplaire soutenue
d’une véritable passion.
Un détail nous a toutefois surpris : elle a toujours refusé
de rédiger un article pour notre journal. Elle affirmait
qu’elle ne savait pas écrire... Voulez-vous vous faire
une opinion personnelle à ce sujet ? Lisez donc le texte
qu’elle a préparé à l’occasion de
l’assemblée générale au cours de laquelle
elle a pris officiellement congé des Entretiens.
Marguerite Loutan
* * * * *
... J’ai reçu une lettre d’une lectrice d’un
certain âge : elle expliquait que sa propre mère était
déjà abonnée, ce qui représentait une
soixantaine d’années en tout. Cette dame regrettait
que nos articles n’aient plus cette connotation religieuse,
voire même biblique, qui était une des spécificités
des «Entretiens sur l’éducation» au début
du siècle.
Dans l’évangile de Luc, j’ai relevé le passage
où Jésus, encore enfant, parle dans le temple avec
les prêtres et les docteurs de la loi, qui étaient
positivement émerveillés par son savoir et son autorité.
Que ce passage soit historique ou non, là n’est pas
la question : il est certain que Jésus, à un moment
de son existence, a dû se séparer totalement de la
tutelle de sa famille pour pouvoir réaliser son plan divin.
Et récemment j’ai eu l’occasion de voir à
la télévision, suite à l’explosion dans
une tour à New York, une femme qui décrivait ces moments
terribles au cours desquels il y avait un grave danger d’asphyxie
: les enfants s’étaient montrés très courageux,
ne cédant jamais à la panique. Cette dame faisait
comprendre que les enfants s’étaient conduits en adultes.
Ils donnaient même du courage à tous ceux qui les entouraient.
Voilà deux faits qui se situent l’un au tout début
de notre ère et l’autre à la fin du XXème
siècle, mais dans un cas comme dans l’autre, l’enfant
a été amené à se situer par rapport
aux adultes avec la force, l’intelligence et le caractère
qui se trouve en lui et les adultes ont été impressionnés.
Ils ont reçu un message de dynamisme et de vie de la part
de ces jeunes êtres.
Notre rôle, dans les Entretiens sur l’éducation,
est d’aider à l’épanouissement des enfants,
de permettre à leur personnalité de s’affirmer,
de leur donner un sens des responsabilités envers eux-mêmes
et envers les autres.
Nous restons tout à fait en accord avec le message chrétien,
même si nous n’utilisons plus les versets bibliques pour
justifier notre point de vue. Nous n’avons en aucune manière
failli à la vocation première des «Entretiens»,
nous avons su drainer en éducation tout ce qui est contenu
dans l’héritage judéo-chrétien qui est
le nôtre. Il était indispensable de trouver le langage
adéquat à chaque époque. Ce point de vue est
le mien, je ne veux l’imposer à personne...
Monique Lechner
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