ARCHIVES (1995)


Clin d’oeil

A quel âge cela devient-il plus facile?
Vous avez des jumeaux, ou même des triplés. Combien de fois n’avez-vous pas entendu, sur cette question, des opinions très tranchées?
Lorsque j’étais enceinte, on m’avait prévenue: «Les trois premiers mois sont un peu durs, mais après, tu verras, c’est beaucoup plus facile». Après trois mois, c’est vrai, les petits font leurs nuits, mais les débuts des repas à la cuillère ne sont pas forcément évidents...
Alors, une autre voix avertie m’annonça: «C’est la première année qui est la plus dure». Après douze mois, c’est vrai, mes enfants marchaient, les nuits étaient douces, les rythmes bien réguliers. Mais c’est là également que les promenades au parc ont commencé à ressembler à des courses-poursuites et que l’appartement a pris l’apparence d’un camp retranché...
Heureusement, une nouvelle prophète m’avait annoncé le nirvâna pour l’âge de deux ans. Aujourd’hui, mes garçons ont deux ans et demi et, côté intendance, c’est en effet beaucoup plus facile: presque plus de poussette ou de Pampers, leurs jeux se structurent, comme leur langage et leur volonté. Car par moments, leur surstimulation permanente et leur solidarité sans faille me font penser à l’armée d’Attila!
Mais une amie m’a avertie: «C’est parce que deux ans, c’est l’âge du non». Et deux non en même temps, c’est parfois dur pour l’harmonie... Il paraît qu’à trois ans, avec le début du jardin d’enfants, tout change!
J’étais donc partie pour cette nouvelle échéance de rêve lorsque mon mari rencontra un ami, père de jumeaux, qui lui déclara: «Les jumeaux, c’est dur jusqu’à six ans, mais après c’est génial».
C’est là que j’ai eu envie d’éclater de rire et que l’étincelle a jailli. Non, non et non, je n’attendrai plus de date soi-disant magique. A attendre le futur, on passe à côté du présent. Or, à chaque âge, les difficultés côtoient les joies. Cette fois, ma réponse, je l’ai: élever des jumeaux n’est jamais facile, c’est toujours un défi à la norme sociale, c’est toujours une expérience particulière.
Ce qui change, c’est la nature des difficultés: les problèmes pratiques du début cèdent peu à peu la place à d’autres questions de nature éducative, liées au développement de la personnalité des enfants, de leur caractère et de leur rapport intra et extra-gemellaire.
Mais, en même temps, s’amplifient aussi les joies et les découvertes qui forment, jour après jour, le bonheur de voir grandir ses enfants. A nous de ne pas les rater.

Sophie Florinetti

* * * * *

Article paru dans «Jumeaux-Magazine», le journal de l’association: «Jumeaux, triplés et plus».
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