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(1998)
Comment
faire les devoirs de ses enfants!
Le
jour est arrivé où ma fille est rentrée à
la maison avec ses premiers devoirs. Elle a 8 ans. « Seulement »
me diront certains, mais dans le canton de Genève, les devoirs
sont en principe interdits jusqu’en 3ème primaire (ce
que les instituteurs ont de la peine à respecter à
partir de la 2ème primaire). Elle les reçoit le lundi
et doit les rendre le vendredi.
Différentes questions, à priori toutes bêtes,
ont alors surgi dans mon esprit: dois-je faire les devoirs avec
elle? Dois-je corriger les fautes? Si oui, toutes, quelques-unes
ou seulement de temps à autre?
Je me rends compte qu’à cet âge peu de problèmes
se posent, puisque ma fille n’a pas encore beaucoup de devoirs.
Je pense cependant qu’il est important d'avoir tout de suite
des comportements qui satisfont à la fois les enfants et
les parents. Alors comment faire?
J’ai pu observer chez certaines de mes connaissances que les
heures qu’elles passent à faire les devoirs avec leurs
enfants peuvent tourner au cauchemar. Je me suis dit que j’avais
intérêt à ce que ma fille apprenne à
les faire seule (comme je le faisais d’ailleurs dans ma jeunesse),
et, vu l’importance toute relative de ces premiers devoirs,
autant s’y mettre tout de suite. D’une part, je pense
qu’il est fondamental que les enfants arrivent à se
prendre en charge, et d’autre part, je trouve que ce n’est
pas une relation agréable, ni très enrichissante que
d’être collée à son enfant pendant qu’il
travaille.
Je remarque que c’est souvent avec l’aîné
que les mamans passent beaucoup de temps. Les autres, eux, doivent
se débrouiller seuls et ils y arrivent. Alors si les suivants
sont capables d’étudier de manière indépendante,
pourquoi pas le premier? J’ai parfois l’impression que
certains parents aiment se sentir et se rendre indispensables. Pourtant
que d’avantages pour un enfant de savoir s’assumer dans
son travail.
Je vois une autre cause à cette tension si souvent liée
au rituel des devoirs. C’est la pression que nous avons tendance
à exercer sur les enfants pour qu’ils obtiennent toujours
les meilleurs résultats possibles. C’est vrai que les
enjeux sont à notre époque de plus en plus importants,
mais ces premières années de devoirs à la maison
peuvent les aider, si on leur en laisse le temps, à trouver
eux-mêmes leur rythme, à comprendre pourquoi leurs
résultats sont parfois bons et parfois mauvais, mais aussi
à se rendre compte que faire des fautes est inhérent
à tout apprentissage.
Pour arriver à ce que les enfants se prennent en charge,
il y a, à mon avis, un moyen efficace: il faut que nous,
les parents, ayons confiance en eux. Il faut se persuader qu’ils
peuvent y arriver, même si nous n’en sommes pas toujours
convaincus. Je dis bien faire confiance et non essayer de leur faire
confiance, le verbe essayer rendant tous les efforts inutiles. D’ailleurs,
plus nous aurons confiance en eux, plus il leur sera facile d’avoir
de l’assurance.
Quand ma fille fait ses devoirs, je suis évidemment disponible
pour répondre à ses questions éventuelles,
mais attention aux abus! Quand j’ai l’impression qu’elle
ne se donne plus la peine de réfléchir lorsqu’elle
rencontre un problème, mais qu’elle se repose entièrement
sur moi, je lui dis d’essayer de le résoudre par elle-même
et que nous en discuterons ensuite.
Au début, il fallait trouver le bon rythme. Je devais être
attentive à réserver des moments dans la semaine où
aucune activité n’était prévue afin de
donner à ma fille le temps nécessaire pour faire ses
devoirs. J’ai aussi dû apprendre à ne pas oublier
de lui dicter son vocabulaire deux jours avant le jour J pour pouvoir
répéter si nécessaire, et non le faire la veille,
ce qui m’arrivait souvent au début.
Quant aux fautes qu’elle fait dans ses fiches, je ne sais pas
encore si je dois les corriger. Alors je procède de manière
très irrégulière. Quand j’en vois, je
lui dis sur quelle page je les ai trouvées et c’est
à elle de les repérer. Nous les corrigeons et cela
donne l’occasion d’en discuter tranquillement. Mais il
m’arrive souvent de ne rien corriger. La maîtresse le
fait de toute manière, alors je n’ai pas forcément
besoin d’intervenir. J’estime que je n’ai à
prouver à la maîtresse ni que ma fille fait tout juste,
ni que je travaille beaucoup avec elle.
Je pense qu’une autre façon de l’aider dans l’apprentissage
de la lecture et de l’orthographe est de passer de bons moments
avec elle, sans tension, à lui lire des histoires, même
si elle sait déjà lire, plutôt que de gérer
et de vérifier tout ce qu’elle produit. Il paraît
même que suivre les mots avec le doigt serait une excellente
méthode pour la visualisation du vocabulaire.
Et s’il y avait une fois des problèmes, je penserais
à aller voir la maîtresse. Elle a de l’expérience
et peut aussi donner des conseils dans ce domaine pour aider les
enfants à faire leur devoirs seuls et ce dans un temps raisonnable.
Julie
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