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(1999)
Le
même terreau, et pourtant...
Trois mélèzes. Trois frères.
Je ne peux pas m’empêcher de comparer leur destin.
Les trois mélèzes ont été plantés
le même jour. Ils provenaient de la même pépinière.
Leur taille était semblable. On les avait placés l’un
à côté de l’autre dans le même terrain.
Que s’est-il passé? Vingt ans plus tard, ils sont aussi
différents que possible. L’un est superbe, ses branches
s’étalent et sa cime dépasse largement les deux
autres. Son voisin n’est pas mal, mais il est loin d’atteindre
les dimensions du premier. Quant au troisième, il fait pitié.
On dirait qu’il a manqué d’air et de soins. C’est
un pauvre gringalet, à moitié chauve, rabougri dans
son coin. Je les regarde et je reste perplexe. Il semble qu’ils
ont joui exactement des mêmes conditions de vie. Pourtant,
ils n’ont plus rien de semblable.
Un peu comme les trois fils de mes amis. L’aîné
est super-doué. Il a mené de front des études
de médecine et une virtuosité de violon. Le second
fait gentiment son chemin sans susciter d’admiration particulière,
le nez toujours plongé dans des revues scientifiques. Le
plus jeune déconcerte son entourage. Il est secret, ne s’emballe
jamais pour rien. Ce qui ne l’empêche pas d’être
le spécialiste des dépannages en tout genre et de
l’aide à autrui.
Pourquoi ces différences? Le cadre dans lequel ils ont grandi
n’était-il pas le même pour tous? Oui, mais chaque
individu est unique en son genre. Il a sa manière propre
de profiter des circonstances. C’est vrai dans les jardins.
Encore plus vrai dans les familles.
Marguerite Loutan
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